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étaient mis à la retraite. Rien n’est plus propre à entretenir le nihilisme des indigènes : de tous ces changemens, ils présagent que notre domination superficielle sera éphémère, qu’elle passera comme passent les hommes qui la représentent.

« L’administration doit être essentiellement patiente, aussi peu exigeante et fiscale que possible, » édictait le général Galliéni. Cette patience n’était point permise par les dépenses des grands travaux entrepris ni ne le sera par le renouvellement complet du personnel, surtout s’il est actif comme on le lui demande. D’ailleurs, le déplorable esprit dont est imprégné le Département, de laisser presque toutes les charges à une colonie nouvelle où tout est à organiser, n’accréditera jamais cette vertu dans les mœurs administratives de notre empire.

On n’a cessé de répéter qu’il y avait trop de personnel à Madagascar, et, à la Chambre, des députés modérés eux-mêmes, M. Hubert ou M. Le Hérissé, rapporteur du budget des Colonies, ont tenu ce langage de ministrables, donnant des gages à la majorité avide d’économies. C’est une erreur absolue. Particulièrement dans ce vaste pays qu’on a cru riche et qu’on a voulu doter aussitôt d’une organisation luxueuse, il importe d’assurer une liquidation attentive et la moins décevante possible du régime dépensier afin de ne point perdre l’intérêt des sommes considérables avancées. Une réduction notable du personnel ne pourrait avoir d’autre résultat que d’obliger à abandonner des travaux en cours, d’élargir le déficit brut, en n’ayant d’autre but que d’accuser la mauvaise gestion des prédécesseurs. Si Madagascar était un pays désespérément pauvre, il n’y aurait qu’à y renoncer ; mais c’est seulement un pays de rapport médiocre où un labeur assidu est nécessaire pour mettre en valeur les ressources réelles, nullement négligeables. La diminution du nombre des fonctionnaires entraînera seulement la difficulté de percevoir doucement les impôts, de les répartir avec justice, de toucher tous les contribuables. Un exemple est probant : dans la province de Maintirano, le personnel d’officiers administratifs ayant été accru de 1902 à 1904, un meilleur recensement a pu être effectué et amener la constatation de 4 861 habitans de plus, résultat fort notable pour le fisc. Les économies porteraient plus avantageusement sur le chiffre des appointemens, Madagascar s’étant assaini presque partout à la suite de travaux coûteux et la vie s’y maintenant d’un bon marché exceptionnel. On a calculé à l’origine en