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diminuer le nombre d’interprètes dans les bureaux à mesure que notre langue se répandrait et que les ressources permettraient de faire venir plus de Français supérieurement éduqués en Europe, son idéal était de diminuer le nombre de Français et d’augmenter celui des fonctionnaires hovas, en réalisant des économies sur le chapitre des appointemens. Dans cet ordre d’idées, un expédient économique aboutissait peu à peu à une sorte de nationalisation malgache des bureaux, fautrice de séparatisme ultérieur. Et l’on verra que les faits devaient servir la théorie.

Avant l’arrivée du général Galliéni, les gouverneurs indigènes relevaient du service central des Affaires Indigènes à Tananarive ; après l’insurrection de 1896, toute d’inspiration hova, la décentralisation s’imposa au cours de la période active de répression, et ils relevèrent immédiatement des chefs de province français. A mesure que notre domination s’étendait, un personnel important devint nécessaire : on le recruta à la hâte parmi les Hovas, parce qu’ils étaient les plus intelligens, savaient mieux le français et étaient seuls habitués à une organisation bureaucratique. En 1897, fut créée l’Ecole Le Myre de Vilers, formant des fonctionnaires malgaches ; en 1901, des sections administratives dans les écoles régionales de Fianarantsoa, Mahanoro et Ananalave. Celles-ci étaient destinées, en vertu de la politique des races adoptée par le général, à former des fonctionnaires de races betsiléo, betsimisare, et sakalave ; mais il était inévitable que les descendans de Hovas qui habitaient ces grandes villes fournissent le principal élément de ces nouvelles écoles, étant les plus adaptés à notre régime, et c’est ce que nous avons constaté dans nos visites à ces établissemens. En 1903, la section administrative de l’Ecole Le Myre de Vilers en était, détachée et élevée au rang d’Ecole Administrative Supérieure, dont le prestige devait se reporter sur les jeunes Hovas qu’elle allait répandre chaque année dans l’administration de l’île entière.

Les plus vives critiques ont été portées contre ces fonctionnaires qu’on accuse partout d’abuser des contribuables connue aux meilleurs temps de la tyrannie de la Reine ; les Malgaches pensent qu’en ayant confiance en eux le gouvernement « garde des objets dans un panier dont le fond est percé ; » le gouvernement lui-même n’hésite jamais à rejeter officiellement sur eux la culpabilité de toutes les exactions. Cependant, quoi qu’en aient pu dire les journalistes, ils touchent des soldes suffisantes ; et, au