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première guerre de 1885, les emprunts et les achats d’armes faits par Rainilaiarivony. Aux impôts ordinaires se superposaient architecturalement vingt étages d’impôts extraordinaires. Ceux qui étaient réputés détenteurs de richesses et souvent n’en avaient que l’ostentation les payaient plusieurs fois par an. Les amendes et confiscations venaient s’y ajouter : le code malgache contenait 142 articles à la seule fin de spécifier les amendes, parfois très élevées, pour des choses souvent infimes.

Ces abus ne légitiment point ceux de notre administration, dont les agens, pris fort souvent parmi îles sous-officiers parfois bourrus, voire brutaux, sans convictions et se targuant du plus parfait mépris de l’indigène, n’hésitaient pas à adopter les mauvais procédés des fonctionnaires hovas, avec la facilité de pouvoir rejeter les exactions sur le compte de leurs subordonnés malgaches. Il importe moins de diminuer l’impôt que de mettre un peu de doigté et beaucoup d’honnêteté dans la perception. En son principe, sauf chez quelques peuplades bohèmes, il n’est point excessif, s’il est assez élevé. Les adversaires du général Galliéni s’accordent à reconnaître qu’il est le stimulant nécessaire de la paresse malgache ; lui-même mettait en avant « le rôle économique et social, le caractère éducateur de l’impôt. » A n’en pas douter, cette éducation est sévère, plus rigoureuse qu’il ne conviendrait à certaines races de la côte et du Sud restées si longtemps dans l’anarchie : comme sous la reine, un grand nombre fuient dans les pays désertiques, renforçant les fahavalos ; d’autres, tels les Tanales, se réfugient dans la forêt dès que les collecteurs sont signalés, emportant avec eux les ustensiles de ménage et la hache suffisante à reconstruire la case ; dans les villes, la plupart doivent consacrer le tiers de ce qu’ils gagnent à acquitter l’impôt, et les déclassés augmentent considérablement. Mais c’est que souvent ils travaillent juste ce qu’il faut pour payer leur carte, et sans cette obligation ne travailleraient pas du tout. On en vient même à se demander s’il n’est pas conforme à une intelligence exacte de leur esprit de faire acquitter l’impôt d’un coup, au lieu de le répartir en plusieurs termes, ce qui serait certes beaucoup moins dur, mais plus irritant pour ces gens de naturel volage ; il convient seulement de ne pas avancer chaque année la date du versement (31 mars en 1904 ; 15 février en 1905).

La taxe personnelle est de 20 à 10 francs suivant les