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démission (27 novembre) ; mais le Roi, malgré les incitations de Stuttgart, la refusa et le chargea de former un nouveau ministère dont furent exclus les ministres particulièrement compromis par leurs violences électorales. L’Intérieur fut donné à Braun, libéral modéré, les Cultes au ministre de la Justice Lutz (21 décembre). Les conservateurs avaient une demi-satisfaction par le sacrifice de leurs deux adversaires prononcés, mais tant que Hohenlohe était là, la séparation subsistait entre eux et la couronne.

Un dernier effort, pour opérer une union nécessaire au salut des États du Sud et arracher le roi Louis à l’existence qui lui faisait perdre la notion de ses intérêts, fut essayé par la reine Olga, à son retour d’Italie où elle avait passé l’hiver. Malgré la cordialité des entretiens, elle reconnut qu’on ne pouvait exercer d’influence durable sur l’esprit du Roi. Celui-ci, d’ailleurs, ne cacha pas à ses amis son impatience de ces démarches et surtout de l’immixtion de Varnbühler dans ses affaires intérieures.

Les populations wurtembergeoises ne manifestaient pas moins que les Bavarois leurs sentimens anti-prussiens. La réaction autonomiste se développait graduellement, et s’étendait même à des districts où le parti prussien semblait jusqu’ici avoir la majorité. L’élection d’un député (30 octobre) fournit une nouvelle preuve de ce mouvement. Le représentant national libéral du district d’Ahringen étant mort, le scrutin ouvert pour sa succession se termina par la victoire du parti populaire (autonomiste). Les élections municipales furent plus significatives encore : les populations marchèrent partout avec résolution et ensemble au scrutin, et, à peu d’exceptions près, les candidats prussiens, malgré la vigueur de leurs efforts, succombèrent devant des majorités considérables obtenues par les autonomistes.

A Stuttgart, où, depuis 1866, les partisans de la Prusse avaient la majorité et se croyaient assurés de la conserver, la liste des autonomistes passa tout entière avec une supériorité écrasante. Le chef du parti adverse ne fut pas nommé et le verdict de la capitale fut accentué par celui des provinces : partout le parti prussien succomba devant des majorités dix fois supérieures à celles qu’il avait obtenues ; enfin, dans les rares localités où il l’avait emporté, il avait rencontré un nombre d’adversaires bien plus considérable qu’il n’avait supposé ; il dut même se résigner à voir remplacer l’unanimité qu’il avait dans le conseil