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C’est à la première des trois commissions, constituées dès la réunion de la conférence, qu’échut le périlleux honneur de discuter la réduction des armemens. Fort heureusement, on avait pris la précaution d’inscrire à son programme quelques questions de moindre importance. Elle se consacra à les étudier avec d’autant plus d’ardeur qu’elle était moins pressée d’arriver au cœur de son sujet : de même, l’an passé, la conférence d’Algésiras s’arrêta complaisamment à la contrebande des armes, aux réformes douanières et fiscales, pour reculer, autant que faire se pourrait, l’heure d’aborder les problèmes critiques de la police et de la Banque. Toutefois, quand la première commission se vit au pied du mur, son président, M. de Staal, s’employa à la rassurer. « Il ne s’agit pas, dit-il, de procéder à un désarmement. Pour le moment nous ne tendons qu’à la stabilisation, pour un terme à fixer, des effectifs et des budgets militaires. » Et il ajoutait : « Les propositions russes constituent un véritable minimum. » Si modeste que fût ce minimum, le simple énoncé en fit apparaître l’échec comme certain. En ce qui concerne la guerre, le colonel Gilinsky proposait, pour cinq ans, un engagement international en vue de la non-augmentation des armemens ; subsidiairement une « fixation des effectifs de paix des troupes entretenues dans les métropoles ; » enfin la limitation, pour la même durée, des budgets militaires ordinaires. En ce qui concerne la marine, le commandant Schéine réduisait de cinq à trois ans la durée de l’engagement à souscrire ; pendant cette période, les puissances devraient faire connaître à l’avance le tonnage total des vaisseaux à construire, l’effectif des équipages, les dépenses prévues pour les travaux des ports. On ne pouvait être plus modéré. En moins de deux séances, la sous-commission de la guerre reconnut cependant à l’unanimité « la difficulté de fixer, même pour cinq ans, le chiffre des effectifs sans régler en même temps d’autres élémens de la défense nationale, » et la difficulté égale de « régler par une convention internationale les élémens de cette défense organisée dans chaque pays d’après des vues très différentes. » Même conclusion en ce qui touche la marine. Echec pareil pour une simple motion recommandant aux gouvernemens, en vue d’une