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disant au Reichstag que l’Allemagne irait à La Haye, malgré le débat sur la limitation, mais que ses représentans et ceux de l’Autriche ne prendraient pas part à ce débat. Quelques jours plus tard, M. Tittoni annonçait que les délégués italiens participeraient à la discussion, mais marquait que cette participation serait purement platonique. Enfin, sir Henry Campbell Bannerman avouait le 9 mai à Manchester que le discours du chancelier l’avait désappointé, s, ans lui enlever pourtant l’espoir qu’on pût faire œuvre utile[1]. Les positions restaient donc telles qu’elles étaient apparues à M. de Martens. Le 11 mai, le gouvernement des Pays-Bas envoyait les invitations officielles fixant la séance d’ouverture au 15 juin 1907[2].


II

En quel état, à ce moment, se trouvaient les diverses questions que la première conférence avait reçu charge de résoudre ? Si l’on se reporte à ses procès-verbaux, on constate que son œuvre pratique avait été médiocre ; non point qu’elle ait fait preuve, comme on l’a parfois prétendu, d’une stérilité complète, mais parce qu’elle avait, dès sa réunion, dévié de la route que lui avait tracée son promoteur.

A dire vrai, cette déviation se marqua avant même que ses membres fussent arrivés à La Haye. Relisez la circulaire adressée le 12/24 août 1898 par le comte Mouravief, ministre des Affaires étrangères de Russie, aux représentans des puissances à Saint-Pétersbourg : le seul point qu’elle visât était, non pas même la limitation, mais la réduction des armemens. Elle

  1. Voici le passage essentiel de ce discours : « Dès son arrivée au pouvoir, le gouvernement actuel a jugé qu’il devait soumettre à la Conférence la question de la réduction des armemens. Nous avions espéré que les grandes puissances, y compris l’Allemagne, estimeraient qu’il leur était possible de prendre part à cette discussion. Aujourd’hui, nous savons qu’elle aura lieu sans la participation de l’Allemagne, et nous ne dissimulons pas notre profond désappointement. Il aurait été probablement impossible de trouver une formule acceptable pour tous. Mais nous avions l’espoir d’arriver à l’adoption de mesures impliquant une confiance mutuelle qui, plus tard, auraient porté leurs fruits et permis de réduire considérablement l’excessif, l’intolérable fardeau des armemens, qui est le fléau de l’Europe. Je ne désespère pas encore de faire quelque chose, mais ce sera beaucoup plus difficile. »
  2. Il convient de remarquer que, excepté pour la question de la limitation des armemens, aucun échange de vues préliminaires sur les articles du programme russe n’a eu lieu entre les grandes puissances.