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problème, si intéressant, n’est pas mûr et parce que nous savons que plusieurs puissances, notamment l’Allemagne, ne désirent pas qu’on s’en occupe. Nous respecterons le droit, soit de l’Angleterre, soit des Etats-Unis, soit de toute autre puissance, de demander son inscription à l’ordre du jour. Nous tâcherons seulement, — et c’est à quoi je travaille, — de préciser les conditions dans lesquelles ce problème, non prévu par la Russie, serait éventuellement posé par d’autres. »

Le 3 avril 1907, le gouvernement russe, par une circulaire aux puissances, exposa les résultats de la mission de M. de Martens. Toutes les puissances avaient adhéré au programme russe. Cependant, certaines d’entre elles avaient formulé des observations. Les unes se réservaient le droit de soumettre à la conférence des questions supplémentaires : c’étaient la Grande-Bretagne et l’Espagne (limitation des armemens), les Etats-Unis (limitation et doctrine de Drago), le Japon, la Bolivie, le Danemark, la Grèce et les Pays-Bas. Les autres revendiquaient au contraire le droit de ne pas discuter celles des questions « inscrites au programme russe qui ne leur paraîtraient pas devoir mener à un résultat utile : » c’était le cas de l’Angleterre et du Japon. L’Allemagne et l’Autriche formulaient une restriction analogue visant implicitement la limitation des armemens. La Russie déclarait qu’elle maintenait son programme d’avril 1906 et que, « dans le cas où la conférence aborderait une discussion qui ne lui paraîtrait pas devoir aboutir à une issue pratique, elle se réservait à son tour le droit de s’abstenir. » C’est à ce moment que M. Tittoni, espérant mettre tout le monde d’accord, fit partir sa circulaire. Ce document, compliqué à l’excès par suite d’un louable désir de ne choquer personne, concluait à la communication préalable des propositions britanniques sur la limitation des armemens et, subsidiairement, à décharger la conférence du soin d’étudier la question en confiant cette étude à une commission autonome que la conférence désignerait, sans que cette désignation pût d’ailleurs engager personne. M. Tittoni avait un instant espéré que l’Allemagne et l’Angleterre accepteraient cette combinaison ; mais il ne tarda pas à se rendre compte que ni l’une ni l’autre ne s’y prêtaient[1]. Le 30 avril, le prince de Bülow précisait d’ailleurs publiquement son point de vue en

  1. La circulaire Tittoni n’eut aucune suite. Le gouvernement italien ne la retira point. Il se contenta de n’en plus reparler.