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Barthélemy semble enjoindre à tous les membres de la famille de ne pas négliger la consignation par écrit de tout ce qui leur arrive. Cette lettre, curieux échantillon du style épistolaire de l’époque, est ainsi conçue : « Mon fils, nos ancêtres, et spécialement notre grand-père et arrière-grand-père, ainsi que mon frère, le comte Jean, ont avec une fidélité et une diligence particulières consigné leurs histoires propres, ainsi que celles des autres. Et je n’ai pas manqué à les imiter en ceci. Mais comme maintenant je suis vieux et faible, et comme avec ta jeunesse tu peux me remplacer à cet égard, dès cette année, je veux retirer ma main de cette affaire. Mais tu t’y mettras au commencement de 1611 avec une fidélité et une diligence dans lesquelles j’ai ferme espoir. Avec cela, tu te rendras immortel chez tes descendans et toi-même tu en tireras beaucoup de profit. Que le Tout-Puissant permette que cela s’accomplisse à sa gloire, et au profit de ton maître et de ta patrie, et qu’étant heureux, tu puisses t’y employer pendant de longues années ! »

François-Christophe obéit scrupuleusement à l’injonction paternelle. C’est à lui qu’on doit les Annales Ferdinandei, universellement connues. Plus tard Louis-André Khevenhüller, le célèbre maréchal, écrit ses Observations Punkte, qui paraissent à Vienne chez Jean-Paul Krauss en 1739 : ce sont les premiers règlemens pour la cavalerie de l’armée impériale. En remontant jusqu’à l’époque actuelle, on retrouve encore ce trait atavique chez plusieurs membres de la famille de Khevenhüller : ils ont laissé des notes, des journaux ou d’autres écrits de ce genre, qu’on publiera un jour à leur tour, pour perpétuer la mémoire de leurs auteurs et pour témoigner de leur activité.

Malheureusement personne ne peut se vanter aujourd’hui d’avoir toute la série des journaux de Jean-Joseph : et cependant elle était encore entière avant 1850 dans les archives de la famille à Fronsburg. Il faut donc attribuer la disparition des quelques volumes manquans à une gestion négligente desdites archives. La famille ne possède actuellement que les volumes de 1742 à 1749 et ceux de 1770 à 1773. Au musée national de Budapest, se trouvent six volumes : des années 1752 à 1755, 1758 à 1759, 1764 à 1767 et 1774 à 1776. Ce dernier volume n’y figure que depuis peu de temps. Les volumes manquans se rapportent aux années 1750 à 1751, 1756 à 1757, 1760 à 1763, 1768 à 1769.