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détails sont garantis par une exactitude poussée jusqu’au scrupule : « Je dis en trois mots au prince mourant qu’on alloit lui donner l’Extrême-onction et qu’il la devoit recevoir avec confiance en la miséricorde de Dieu qui a établi ce sacrement pour effacer le reste de nos péchés et pour nous mettre en état de paraître devant lui pur et sans tache. En même temps, je pris sa main et la mis sur la mienne, le priant de la serrer au cas qu’il m’entendît. Il le fit, mais je n’oserois assurer que ce fut avec connoissance parce que ça a pu être l’effet du hasard dans l’agitation où il étoit alors. Aussitôt l’aumônier du Roi lui donna les saintes huiles. On récita les prières des agonisans, et à peine furent-elles achevées qu’il expira. On m’a dit qu’un instant avant que d’expirer, il avoit prononcé le sacré nom de Jésus-Christ en levant les yeux au ciel, et d’un ton plein de foi et d’amour. Je n’ai pas de peine à le croire, car il n’est pas surprenant qu’à la mort, il ait eu dans la bouche un nom qu’il avoit eu, toute sa vie, si profondément gravé dans le cœur. J’avoue cependant que je ne l’ai pas entendu. »

Il était huit heures un quart du matin quand le Duc de Bourgogne expira. Comment, après avoir lu le récit de cette fin, tel que nous l’a transmis un aussi véridique témoin, ne pas dire avec Saint-Simon : « Il étoit déjà mûr pour l’éternité ? »


HAUSSONVILLE.