Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/677

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de vues, le tableau de la situation de la Macédoine et le plan des réformes indispensables[1].

C’est sous l’influence de ces nouvelles et de ces craintes trop justifiées que le comte Lamsdorff quittait Saint-Pétersbourg au milieu de décembre et se rendait directement à Sofia et à Belgrade où il adjurait le gouvernement du prince Ferdinand et celui du roi Alexandre de s’abstenir rigoureusement de « porter atteinte, par des moyens révolutionnaires, à l’ordre de choses établi dans la péninsule des Balkans, » et de ne pas contrecarrer l’action des puissances. De là, le ministre russe, le 30 décembre 1902, arrivait à Vienne où eurent lieu « entre les ministres des Affaires étrangères des deux Empires voisins et amis, conformément à l’arrangement de 1897, des conférences spéciales qui aboutirent à la fixation des principes généraux devant servir de base aux réformes projetées dans les trois vilayets turcs[2]. » Les deux ambassadeurs, le comte Zinovieff et le baron Calice, sur ces données générales, rédigèrent un programme détaillé dont les principaux traits étaient : maintien à son poste de l’Inspecteur général et engagement de ne pas le révoquer sans que les puissances aient été préalablement consultées ; faculté, pour lui, de se servir des troupes sans en référer chaque fois au Palais ; subordination des valis à ses ordres ; engagement de « spécialistes étrangers » pour la réorganisation de la police et de la gendarmerie, entrée dans cette dernière de chrétiens en nombre proportionnel à celui des habitans chrétiens dans chaque district ; choix de gardes champêtres chrétiens là où la majorité de la population est chrétienne ; engagement « d’aviser sans retard aux moyens de mettre fin aux crimes des Arnautes ; » amnistie pour tous les accusés ou condamnés pour faits politiques et aux émigrés ; établissement d’un budget pour chaque vilayet et affectation des perceptions provinciales, contrôlées par la Banque ottomane, aux besoins de l’administration locale ; modification des dîmes et abolition de l’affermage en gros ; engagement de la part du gouvernement turc de faire exécuter ce programme par tous ses fonctionnaires ; établissement d’une surveillance consulaire « dans certaines localités de trois vilayets » sous la direction des ambassadeurs à Constantinople.

  1. 3 octobre, Livre jaune, no 42. Voyez notre précédent article page 387.
  2. Messager officiel de l’Empire russe, 25 février 1903 ; cité dans le Livre jaune (de janvier-février 1903, no 19, annexe).