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LA
QUESTION DE MACÉDOINE

II[1]
LES RÉFORMES


I

Les Grecs s’enflamment pour « l’idée » et s’exaltent pour l’hellénisme : leur effort mérite d’être honoré. Les Bulgares poursuivent l’affranchissement de leurs frères : ils luttent donc pour une noble cause. Les Serbes s’arment pour la querelle des Slaves de Macédoine et pour tenir ouvertes les routes de la mer Egée : leur intention est respectable. Les Vainques réclament le droit de constituer, eux aussi, une nationalité : on ne saurait les en blâmer. Il faut aussi rendre justice aux Turcs, qui sont la force, qui ont le droit de se considérer comme maîtres légitimes de cette terre qu’ils ont conquise, et qui supportent les charges très lourdes que leur impose l’état d’insécurité et de révolte où se débat la Macédoine. Le patriotisme des différentes races qui se disputent les trois vilayets mérite le respect, et leurs souffrances la pitié ; même si les moyens qu’ils emploient, dans l’exaspération d’une lutte sans merci, ont été trop souvent barbares, il ne convient pas de leur être trop sévère : les héros, dans de pareilles crises, absolvent les brigands. Mais, du choc de tous ces

  1. Voyez la Revue du 15 mai.