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bonapartiste même, nous avions des adversaires implacables, silencieux maintenant de crainte de déplaire à l’Empereur, mais toujours prêts à nous susciter des embarras ou à profiter de ceux que nous créeraient les ennemis de l’Empire, et comme ce parti avait longtemps tenu en main les affaires, il trouvait dans toutes les branches de l’administration des hommes d’influence prêts à le seconder.

Je savais ces choses, je n’exagérais pas mes forces personnelles, et cependant je n’acceptais pas le pouvoir pour me tirer d’une impasse en désespéré, mais avec confiance et certitude de succès. C’est qu’en effet les sentimens que j’ai signalés dans une partie agissante des politiciens n’existaient pas dans la majorité de la nation. Là on n’avait qu’un désir : consolider le gouvernement, faciliter le jeu des nouvelles institutions, et rejeter pardessus bord tous ceux qui, sous prétexte de liberté, viseraient au renversement du trône. Comme d’autre part l’Empereur était aussi résolu que le peuple était fidèle, j’étais certain, pouvant écraser les agitateurs entre ces deux forces, l’une d’en haut, l’autre d’en bas, de les amener à capitulation, de diminuer leur nombre, de rendre définitives les adhésions provisoires, sincères les conversions simulées, impuissantes les résistances irréconciliables.


EMILE OLLIVIER.