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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE : Reprise de Marion de Lorme, drame en cinq actes envers de Victor Hugo. — VAUDEVILLE : Le Ruisseau, comédie en trois actes de M. Pierre Wolff. — ODEON : La Française, comédie en trois actes, par M. Brieux.


Saluez-la, car vous ne la reverrez pas !… Cette fois encore nous l’avons revue, sans trop d’ennui, cette pièce surannée ; elle a encore diverti un public curieux et sceptique ; l’ensemble a pu être suivi avec une attention amusée, dans laquelle on ne saurait dire pour quelle part entrait l’ironie ; mais les parties les plus brillantes, les plus réputées pour leur mérite de littérature et qui, au théâtre même, faisaient jadis quelque impression, sont rentrées dans l’ombre : leur vertu est épuisée. Il se produit aujourd’hui, pour le drame romantique, le même phénomène qu’on a pu constater naguère pour la tragédie du XVIIIe siècle : on en remet à la scène, un à un, les spécimens les plus vantés, pour vérifier comment ils s’y comporteront : un à un, ils passent définitivement du théâtre dans le livre. Ne parlons pas des deux drames en vers de Hugo que défend l’incomparable éclat du style et qui provisoirement restent au répertoire, comme s’y est maintenue Zaïre elle-même. Laissons également de côté les drames en prose que personne ne songe à exhumer : on imagine difficilement un directeur de théâtre, celui même de la Porte-Saint-Martin ou de l’Ambigu, espérant qu’il attirera la foule par une reprise de Marie Tudor ou de Lucrèce Borgia ; et l’expérience que fit, il y a deux ans, Mme Sarah Bernhardt en remontant Angelo, fut décisive. La fameuse reprise du Roi s’amuse, il y a vingt-cinq ans, causa une véritable consternation Celle des Burgraves, toute récente, eut la morne solennité d’une cérémonie commémorative. Celle de Chatterton, cet hiver même,