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REMBRANDT
ET
LES ÉTAPES DE SA GLOIRE

Á PROPOS DU TROISIÈME CENTENAIRE DE L’ARTISTE

La Hollande, l’été dernier, célébrait le troisième centenaire de la naissance de Rembrandt. Le Louvre vient d’ouvrir une salle consacrée à son œuvre. C’est l’occasion d’esquisser une étude qui n’a pas été faite en France, celle de la réputation du maître. Comment a-t-il été compris, de son vivant et après sa mort ? Quel accueil ses concitoyens firent-ils à son génie ? A quel moment sa gloire, franchissant les limites de son petit pays, commença-t-elle son tour d’Europe ? cette gloire enfin, la plus haute qu’il y ait aujourd’hui dans l’art, quels en ont été les degrés ? Nous nous flattons d’avoir à peu près inventé Rembrandt : sommes-nous sûrs que nos pères ne l’aient pas au moins soupçonné ? Ils s’en faisaient sans doute une autre idée que nous ; on ne s’avisait pas encore de chercher dans un peintre un penseur, un voyant, un apôtre socialiste. Il est bon de préciser à quelle époque ces élémens nouveaux entrèrent dans la composition première de la figure de Rembrandt. Que pensèrent de lui les peintres de fêtes galantes, puis les peintres gréco-romains de la Révolution et de l’Empire ? Que fit pour lui le romantisme ? Quel fut ensuite le rôle de l’école naturaliste, et enfin celui de la critique et de la science modernes, depuis Fromentin jusqu’à M. Emile Michel et aux auteurs les plus récens ?