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les attaches de la Roumanie avec la Triple Alliance : le roumanisme, en Macédoine, fait le jeu de la politique de Vienne et de Berlin ; il travaille pour le germanisme.

C’est ainsi que parlent les Grecs. Menacés par la propagande bulgare et par le mouvement roumanisant, molestés par les Turcs, ils ont cru nécessaire de montrer qu’ils existaient et que, dans toute l’ancienne Macédoine, ils restent l’élément principal. Ils ont organisé des bandes et ils ne le cachent pas ; mais ils n’ont eu recours à ce moyen désespéré que les derniers et pour ne pas laisser sans réponse les violences des Bulgares, les attentats des Turcs et ta désertion des Vainques. Des Grecs du royaume servent dans les bandes, des Crétois même sont venus s’y enrôler ; mais c’est en Macédoine même qu’elles se sont surtout recrutées ; elles ont pénétré, au Nord, jusqu’au-delà de Monastir, intimidé les roumanisans et ramené au patriarcat beaucoup de villages que les violences des Bulgares avaient fait passer à l’exarchat. On a dit que les Grecs avaient attendu, pour commencer leurs incursions, que les bandes bulgares aient quitté la partie ; rien de plus inexact. Si les bandes bulgares ont fait moins parler d’elles en ces derniers mois, elles n’en subsistent pas moins ; et il serait facile d’en donner la liste détaillée. Les Grecs ont eu avec elles des rencontres : comment oublier l’exploit mémorable du chef grec Acritar. Près de Vodena, il se heurte inopinément à trois bandes bulgares ; les trois voïvodes et les trois lieutenans se trouvaient réunis dans une hutte ; le chef grec y pénètre seul, les Bulgares tirent sur lui, le manquent ; lui en tue deux, en blesse deux autres et enfin succombe ; mais ses hommes accourent, détruisent les bandes ennemies et le seul survivant de leurs chefs passe à l’hellénisme et se met à la tête d’une bande grecque ! On a dit aussi que les soldats turcs évitaient de rencontrer les andartes grecs et les laissaient volontiers tenir la campagne et réprimer l’audace des brigands bulgares : calomnies encore ! Les bandes grecques ont eu des rencontres sanglantes avec les troupes, et il suffit de consulter la statistique des Grecs condamnés à Salonique pour fait de propagande nationale, pour être édifié sur la mansuétude des tribunaux ottomans à leur égard. Oui, sans doute, les évêques, les prêtres, les instituteurs grecs ont été à la tête du mouvement hellénique en Macédoine ; mais n’avaient-ils pas le devoir, en présence de la pression terrible exercée par l’ « organisation » bulgare, de grouper les forces