la même raison que les Turcs, aujourd’hui, sont enclins à favoriser les prétentions des Valaques ; en 1870, opposant église à église, ils accordent au schisme bulgare une organisation autocéphale et reconnaissent la juridiction de l’exarque et sa qualité de chef de la communauté bulgare. Mais, ces progrès mêmes de la nationalité bulgare sont encore, indirectement au moins, un bienfait des Grecs. Ce sont les insurrections grecques qui ont décidé la Porte à accorder des concessions aux Slaves : la reconnaissance de l’exarchat a suivi l’insurrection crétoise de 1869, et les plus grands progrès du bulgarisme ont suivi la guerre de 1897. Les Turcs ont la crainte de l’hellénisme et la haine du patriarcat ; ils savent que « l’idée » hellénique est la seule force capable de coordonner les efforts des chrétiens et de chasser enfin d’Europe le successeur de Mahomet II. Encore aujourd’hui, malgré les intrigues de Sofia et l’ascendant de Saint-Pétersbourg, beaucoup de paysans, qui parlent cependant entre eux un dialecte slave, restent Grecs de cœur et de civilisation. Ce sont des Grecs « slavophones ; » leur idiome n’est qu’un patois sans littérature ; la langue de la civilisation reste, pour eux, le grec, et il a fallu toutes les violences de la propagande bulgare pour arracher à la grande patrie idéale, l’hellénisme, une partie des paysans macédoniens et pour les amener, moitié de gré, moitié de force, sinon à se croire, du moins à se déclarer Bulgares.
Dans ces dernières années l’ambition de quelques hommes, soutenue par l’argent des Roumains et par la connivence de tous les ennemis de l’hellénisme, a découvert et « lancé » une nationalité nouvelle : les Valaques. Les Roumains du royaume se sont avisés que les Valaques du Pinde parlaient une langue analogue à la leur ou qui en est tout au moins très proche parente, et, par intérêt politique, dans le dessein de se créer des droits et de s’assurer voix au chapitre on cas de partage de la Macédoine, ils ont pris en main la cause de ces frères nouvellement trouvés, obtenu la reconnaissance de leur nationalité par la Porte et réclamé pour eux le droit d’avoir des prêtres et une liturgie valaques ; une progagande acharnée dans les villages valaques a décidé quelques individus à se déclarer roumanisans. Or, sur quoi repose toute cette intrigue ? Sur un calembour. Il n’y a jamais eu de nation ou de peuple valaque. Le mot « valaque, » c’est tout simplement, entendu et défiguré par les « Barbares, »