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M. Rouvier en 1903. Il est bon d’en rappeler les traits distinctifs. Le projet de M. Doumer exemptait les revenus ou parties de revenu au-dessous de 2 500 francs, puis établissait des taux de 1, 2, 3, 5 ou 5 pour 100 sur les tranches successives de revenu de 2 500 à 5 000, de 5 001 à 10 000, de 10001 à 20 000, de 20 001 à 50 000, et le droit plein de 5 pour 100 se fût uniformément appliqué au-dessus de 50 000 francs de revenu. L’impôt devait reposer sur la déclaration du contribuable pour les revenus supérieurs à 10 000 francs, les revenus moindres étaient taxés d’office, avec faculté pour les contribuables de prendre l’initiative de la déclaration. Les commissions d’évaluation se composaient, au premier degré, du maire, de conseillers municipaux, du contrôleur et du percepteur des contributions directes ; au second degré, si la révision était demandée, de conseillers généraux et d’arrondissement. Ce projet, dont on attendait 157 millions, souleva les clameurs universelles et fut abandonné.

Deux ans plus tard, en 1898, M. Peytral, alors ministre des Finances, déposa un autre projet d’impôt général sur le revenu pour remplacer cette fois non seulement la contribution personnelle et mobilière, mais celle des portes et fenêtres. Ce projet faisait appel aux signes extérieurs : le revenu devait être calculé sur la valeur locative des diverses habitations du contribuable et leurs dépendances, ainsi que le nombre de domestiques, de chevaux, de voitures et d’automobiles. La valeur locative des habitations de chaque contribuable devait être multipliée par un coefficient d’autant plus élevé que la population de la commune serait plus forte. En outre, dans la même commune, ce coefficient eût varié suivant l’importance du loyer ; au-delà de 4 000 francs de loyer à Paris, par exemple, le coefficient eût été dix ; le revenu tiré de la valeur locative eût été relevé à Paris ne 800 francs pour la première domestique femme, et de 1 600 pour chaque domestique femme, au-delà ; de 2 400 francs pour chaque domestique homme ; de 1 200 à 3 000 francs pour chaque automobile suivant le nombre de places ; de 1 000 francs pour chaque voiture à deux roues et de 2 000 francs pour chaque voiture à quatre roues ; de 2 000 francs par cheval ; de 500 francs par vélocipède avec moteur, de 100 francs pour chaque chien au-dessus de deux ans, et d’une somme égale à 20 pour 100 de la valeur de chaque yacht. Ce système évitait la déclaration et la taxation d’office d’après la rumeur publique ou des évaluations