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LA STIGMATISATION
CHEZ
LES MYSTIQUES CHRÉTIENS

J’ai essayé de montrer, dans un article récent, de quelles inclinations humaines, tendresse, piété filiale et pitié, le mysticisme chrétien était fait et comment le mystique, en tournant vers son Dieu le faisceau de ses affections terrestres, trouvait un équilibre et une paix que la terre lui refuse. Pour opérer cette conversion, l’âme n’a besoin que de l’ascétisme et de l’idée chrétienne de Dieu ; il lui suffit d’une discipline et d’une foi pour conquérir le bien vers lequel elle aspire et c’est pourquoi, tant qu’il ne s’agit que de sentimens, les mystiques peuvent s’entendre souvent avec la psychologie positive sur la nature de leur amour et la réalité de leur bonheur.

Mais ils ne se bornent pas à conter leurs efforts, leurs espérances et leurs joies ; tous sont persuadés qu’ils reçoivent, par voie surnaturelle, des pouvoirs et des lumières d’un ordre supérieur qui sont comme la consécration de leur vie nouvelle. Dans l’ordre intellectuel, ils prétendent voir le vrai face à face par l’extase ou le connaître indirectement par révélation ; dans l’ordre pratique, beaucoup ont cru faire des miracles ou en être