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seulement de chercher dans toutes les régions de l’empire des métaux précieux, tandis qu’il suivait de Tarragone la guerre contre les Cantabres et les Astures, dirigée par ses généraux. Il préparait pour l’année suivante (l’an 25) deux expéditions : l’une dans le territoire des Salasses, — aujourd’hui le val d’Aoste, — pour s’emparer dans les Alpes de la vallée la plus riche en mines d’or ; et une autre à l’intérieur de l’Arabie, pour s’emparer des trésors des Arabes.

Rome était ainsi abandonnée à elle-même, dans la tranquillité somnolente de cette époque sans grandes entreprises, sans événemens retentissans, sans impressions vives ; et dans ce néant, la concorde, qui s’était rétablie en apparence après Actium, se désagrégeait peu à peu. Peu à peu, une incohérence étrange d’idées et de sentimens contradictoires avait troublé chez tous la notion exacte des moyens et des fins, l’accord entre les paroles et les actes, entre les doctrines et la pratique. Si l’ordre était rétabli tant bien que mal et si, des anciennes discordes, il ne restait plus, répandu dans l’air, qu’un nuage léger de vagues ressentimens, Rome n’en commençait pas moins à se mettre en contradiction et en guerre avec elle-même. La République avait été rétablie ; on s’efforçait de revenir aux institutions d’autrefois ; il se reformait dans la noblesse un parti qui travaillait à assurer de nouveau aux grandes familles le pouvoir, écartant des

    pas grande valeur ; ce qui lui en donne, c’est qu’il est confirmé par Josèphe. En outre, comme il s’agit d’une expédition secondaire, il n’est pas surprenant que l’on ait envoyé un officier subordonné et que le præfectus soit resté en Égypte. Rome était trop désireuse de voir l’ordre se maintenir dans ce pays pour en éloigner à la légère son premier magistrat. Enfin Strabon nous fournit un autre argument pour soutenir qu’Ælius Gallus fut préfet de l’Égypte non seulement après Pétronius, mais même plusieurs années après celles dont il est ici question, et que, par conséquent, il est probable que Pétronius fut préfet pendant de longues années, ou qu’entre Pétronius et Ælius Gallus, il y eut d’autres préfets. En effet, Strabon (2, 5, 12) nous dit que quand Ælius Gallus était præfectus Ægypti, il vit avec lui le port de Miosorme dans la Mer-Rouge, où étaient réunis 120 vaisseaux, qui faisaient le commerce avec l’Inde, tandis que sous les Ptolémées, le nombre en était beaucoup moins considérable. Il nous dit encore (16, 4, 24) qu’au temps de l’expédition de Gallus en Arabie, le commerce indien et arabe passait par la route de Leucocome, de Petra et de Syrie ; tandis qu’ensuite νυνί δε (nuni de) presque tout le commerce passait par Miosorme. Il y eut donc une déviation des courans commerciaux qui, quatre ou cinq ans après la chute des Ptolémées, ne pouvait encore être advenue. Le voyage de Strabon et de Gallus à Miosorme dut, par conséquent, avoir lieu beaucoup d’années après l’expédition en Arabie. Pétronius fut donc le second præfectus Ægypti ; et Ælius dirigea l’expédition d’Arabie comme legatus d’Auguste, mais en qualité d’officier subordonné. On n’est pas d’accord sur le præfectus de Pétronius : Pline l’appelle Publius et Dion Caïus.