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Les monnaies des rois de Nabatène n’ont pas de caractère artistique, elles sont assez grossières de facture, comme il est facile de s’en rendre compte au cabinet des médailles, à la Bibliothèque nationale. Les premières connues datent du règne d’Arétas III, vers 87 à 62 avant J.-C, et encore n’avons-nous de ce prince que de la monnaie de bronze. Les dernières qui nous sont parvenues ont été frappées sous Rabbel II, vers 75 à 101 après J.-C. A dater d’Obodas III, vers 30 à 9 avant J.-C, on voit apparaître l’effigie de la reine et, sous Arétas IV, de 9 avant J.-C. à 40 après J.-C. cette effigie accompagnée d’une légende. M. René Dussaud[1], auquel j’emprunte ces lignes, pense que « dorénavant la Reine était reine par droit de naissance et non plus seulement comme épouse du Roi. En d’autres termes, à l’exemple de l’Egypte et d’autres dynasties hellénistiques, le Roi épousait une de ses sœurs ou une de ses cousines germaines. » En raison des événemens politiques et des rapports commerciaux des Nabatéens avec leurs voisins, les poids des monnaies furent variés. « Nous reconnaissons, dit M. R. Dussaud, quatre systèmes monétaires dans l’émission des monnaies nabatéennes d’argent qui s’espace de 62 environ avant notre ère à 101 après J.-C. : les espèces durent être assez abondantes, » et il ajoute « qu’elles restèrent un assez long temps en circulation. Ce sont elles, en effet, que nous trouvons en usage dans la portion de Cœlé-Syrie colonisée par les Nabatéens, à Salkhad et à Motana (Imtân), jusqu’en 350 de notre ère. »


III

Des ouvrages très documentés ont été publiés sur Pétra. Cependant, il reste un vaste champ de découvertes pour les fouilleurs.

Il y a peu d’années, les bédouins, totalement indépendans, maîtres du désert, rançonnaient les voyageurs et créaient de telles difficultés que, non seulement il n’était pas commode d’y séjourner, mais encore d’y parvenir.

Depuis l’occupation de Kérak et de Chobak par les Turcs, la visite de Pétra est relativement plus facile. Cependant, il faut toujours compter, en dehors des incidens de route, sur l’extrême

  1. Journal asiatique. Numismatique des Rois de Nabatène, par M. René Dussaud (mars-avril 1904).