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dans le sol ou dans les murs, de façon à économiser le plus de place possible, car c’était une dépense considérable que de créer un de ces hypogées. Si les intérieurs sont simples, les façades deviennent de plus en plus riches au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire. Les styles en sont très variés, les Nabatéens, opportunistes en politique, ne le furent pas moins pour les arts.

On se représente ce peuple comme un peuple s’occupant avant tout de commerce et n’ayant ni le temps, ni l’éducation artistique pour fonder une école nationale. Comme les habitans de Palmyre, ils durent s’en remettre surtout à des architectes étrangers, et subirent ainsi l’influence de tous les peuples qui furent au zénith de leur horizon.

Quoique les inscriptions manquent, pour pouvoir fixer avec certitude la date de la plupart des tombeaux, il est cependant possible de lire, à peu près, l’époque de la création de beaucoup d’entre eux, d’après les événemens de l’histoire. Les premiers sont assez frustes et de dimensions modestes. Tantôt ils font corps avec la montagne, tantôt complètement détachés du rocher, ou seulement sur trois faces, ils affectent la forme du pylône, se rétrécissant en haut. Le style égyptien est à ce moment le guide artistique. Sur le côté Sud-Est du cirque, une tombe à pylône doit être spécialement notée : le sommet de cet édifice est couronné d’un serpent enroulé.

Mais les Grecs, sous Alexandre, deviennent le point de mire des Nabatéens, et l’influence hellénique se fait sentir en se mêlant à la gorge égyptienne. Puis, l’arche syrienne fait son apparition. Enfin, les Romains, maîtres du pays, imposent le goût de la métropole. Une décoration qui revient constamment et qui devait avoir un sens religieux, ce sont, sur les corniches, l’escalier double contrarié ou les créneaux à marche sur un ou deux rangs superposés, un peu dans le genre de ceux que nous voyons au Louvre, dans les frises des archers de la salle du trône de Darius Ier. Peut-être était-ce un élément architectural emporté par les Nabatéens de leur pays d’origine. N’était-ce pas l’escalier que l’âme du mort gravissait pour monter au ciel ? Le seul motif véritablement caractéristique et bien particulier, c’est un chapiteau très rude, très nu, dont les volutes affectent la forme, de becs. Dans la suite, quelques ornemens viendront peut-être l’enrichir, mais le squelette du chapiteau reste spécial aux Nabatéens,