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qu’elle fut découverte vers 1811 ou 1812 par Burckhardt ; cet explorateur parcourut le pays sous un déguisement et sous le nom de Cheikh Ibrahim. Presque tous ceux qui tentèrent l’aventure y pénétrèrent par ruse ; la plupart, du reste, en furent aussitôt chassés. En 1883, toujours d’après les mêmes auteurs, Holl, Kitchener, Armstrong, ne purent jeter qu’un rapide coup d’œil sur le cirque de Pétra. G. Hill fit quatre tentatives infructueuses, il ne réassit qu’à la cinquième en 1896. Le premier plan exact des ruines fut levé avec mille peines en 1827 par deux Français, le marquis Léon de Laborde et Linant de Bellefonds. Malgré toutes ces difficultés, les Pères dominicains de l’École biblique de Saint-Etienne de Jérusalem ont bien été au moins quatre fois, à ma connaissance, visiter les restes de la vieille cité des Nabatéens. En 1906, s’il me fut donné d’y séjourner tout à mon aise, au cours d’un voyage à travers la péninsule Sinaïtique, le désert de Tih, l’Arabie Pétrée et les monts de Moab, c’est certainement grâce à la parfaite connaissance du pays, du P. Jaussen, le très distingué arabisant, et de son savant collaborateur le P. Savignac, tous deux professeurs à l’École biblique et directeurs de la caravane d’études.


I

Pétra est située dans le Hedjaz, sur les contreforts Est de l’Arabah, cette grande coulée profonde qui, du sud de la mer Morte, s’en va au golfe d’Aqabah sur la mer Rouge. Sous les Romains, elle était la .capitale de l’Idumée ou Arabie Pétrée. Elle fut fondée par les Nabatéens, peuple d’origine sémitique, venu d’Orient à une époque inconnue dans le pays d’Edom. Sans avant-propos, brusquement, Pétra apparaît dans l’histoire vers 312 avant J.-C. comme une des surprises de ces temps dont nous ne connaissons encore que bien peu de chose. Antigone, demi-frère et général d’Alexandre, tente contre elle un coup de main. Pendant ses luttes en Syrie et en Phénicie, le renom de ses richesses est arrivé à ses oreilles ; il profite donc d’un jour où tous les hommes ont quitté la ville pour assister à une grande foire qui se tient dans les environs, il massacre les femmes et les enfans, et emporte tout le butin qu’il peut emporter ; mais évidemment, il en a laissé. La rapidité de ses mouvemens ne lui a pas permis de la dévaliser complètement, car