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chose naturelle que d’exprimer son opinion dans un scrutin. A Algésiras, cependant, c’est à ne point voter qu’avait tendu l’effort de tous les plénipotentiaires, et, pour cela, à ménager, entre l’Allemagne et la France, un accord direct que l’Europe n’aurait fait qu’enregistrer sans avoir à prendre parti. Espoir fragile, bientôt détruit par l’intransigeance allemande ! Le vendredi 26 janvier, une première conversation avait eu lieu entre M. de Radowitz, représentant de l’Allemagne, et son collègue français, M. Révoil. Mais de cette conversation nulle lumière n’avait jailli. M. de Radowitz avait écarté les combinaisons que nous acceptions, et, dans le même temps, proposé aux uns et aux autres cinq ou six solutions qui, toutes contradictoires, n’avaient de commun que d’être pour nous inadmissibles. Le 3 février, nouvel entretien, où M. Révoil, prenant l’initiative des concessions, avait indiqué que le mandat d’organiser la police dans les ports pourrait être partagé entre la France et l’Espagne, cependant que M. de Radowitz déclarait n’être pas autorisé à y consentir. Le lundi 5, le marquis Visconti-Venosta, plénipotentiaire italien, le comte Cassini, plénipotentiaire russe, et M. Henry White, plénipotentiaire américain, avaient conseillé au plénipotentiaire allemand d’adhérer à la police franco-espagnole. Le jeudi 8, M. de Radowitz avait déclaré que la réponse de Berlin était négative et prié ses collègues d’aller la porter à M. Révoil. Sur leur refus, il avait annoncé qu’il allait demander des instructions nouvelles. Mais, le samedi 10, une dépêche comminatoire de l’agence Wolff, inspirée par le comte de Tattenbach, avait rendu publique la résolution de l’Allemagne de ne pas accepter nos propositions. Le mardi 13, M. de Radowitz avait confirmé ce refus par une note remise à M. Révoil, note où il écartait la police franco-espagnole, revendiquait pour le Sultan le droit de choisir où il voudrait ses instructeurs, et pour l’Europe le droit de contrôler la police, d’abord par l’intermédiaire d’un inspecteur pris dans une armée neutre, ensuite par l’organe du corps diplomatique accrédité à Tanger. Le samedi 17, M. Révoil avait répondu en maintenant nos prétentions quant à la nationalité des instructeurs, mais en admettant, au cas où satisfaction nous serait donnée sur ce point, le principe d’une surveillance. Le lundi 19, enfin, M. de Radowitz, sans tenir compte de notre concession éventuelle relative à la surveillance, avait refusé une troisième fois d’accepter la police franco-espagnole