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de haute estime et même d’admiration. Daignez aussi remarquer quels sont mes auteurs ; ce ne sont pas des « pamphlétaires ; » c’est Napoléon lui-même ; tous les mots cités dans le texte et dans la note sont de lui : Stanislas Girardin n’est mentionné que pour indiquer un développement, une conversation écrite à l’instant même, et dans laquelle, si vous vous y reportez, vous verrez bien l’âme primitive, naïve, toute maternelle. — « Trop parcimonieuse, etc., » est de Napoléon ; cela n’empêche pas la générosité qui en cas de nécessité sacrifie tout, donne tout ; j’ai dit cela expressément et sur l’autorité de Napoléon lui-même. J’ai beau réfléchir, je ne vois qu’un mot qui puisse vous heurter ; c’est le moi propreté ; je vais le vérifier dans les sources, et l’ôter, s’il y a conteste : mais, en vérité, pour l’époque indiquée, c’est-à-dire en Corse et en France avant 1796, parmi tant de misères de la vie errante, une femme demi-italienne, demi-paysanne, chargée d’enfans, ruinée, ménage son linge et n’a pas le temps de soigner ses mains. J’ai vu ces mœurs et ces habitudes chez de vieilles dames que j’ai connues dans mon enfance ; l’une d’elles était un vrai chef de famille, une âme commandante et digne de commander ; dans sa petite ville on l’appelait « le Colonel. » Mais elle se souvenait toujours du temps où le savon avait manqué et où il fallait porter la même chemise toute une semaine.

Je regrette d’autant plus de vous avoir choquée, que probablement, dans mon second article, je vais vous choquer davantage. Le jour où je vous ai demandé si vous ne vous opposiez pas à la publication de mon étude, je vous ai résumé en deux mots mes conclusions sur l’Empereur : le plus grand génie des temps modernes, un égoïsme égal à son génie. Je voudrais que la première partie que vous venez de lire me servît d’excuse auprès de vous pour la seconde. Si je ne me trompe, l’immensité de ce génie n’avait pas été jusqu’ici mesurée avec tant d’exactitude, par des traits aussi précis, au moyen de vérifications aussi positives ; ce ne sont pas des phrases que j’ai faites ; je n’ai pas accumulé les adjectifs lyriques ; j’ai montré « les trois allas internes » toujours ouverts et tenus à jour dans cet esprit extraordinaire,