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en partie par la Revue des Deux Mondes. C’est une addition très précieuse à l’histoire de la Révolution. Beaucoup des documens dont vous vous êtes servi me sont passés sous les yeux, notamment les dossiers sur Arles, Nîmes, Uzès et la Lozère. Sur un seul point, j’oserais vous soumettre une différence d’appréciation. À mon sens, si l’on excepte Froment de Nîmes, les conspirations royalistes ne commencent qu’à la fin de 1791. Pour Arles, par exemple, les documens les plus authentiques, les lettres des trois commissaires médiateurs envoyés par l’Assemblée et le Roi, montrent que les Chiffonistes ou anti-jacobins étaient des Feuillans, des constitutionnels, et non des contre-révolutionnaires ; c’était aussi le cas pour la majorité des nobles de province et des bourgeois aisés, d’octobre 1791 à mars et juin 1792. Claude Allier (p. 127) s’est fait illusion, et a prêté aux autres ses propres sentimens. — Au reste, vous ne contresignez pas ses affirmations.

Je serais très heureux si vos impressions confirmaient les miennes, et si le jugement que je porte sur le caractère, les dispositions, l’attitude des différentes classes de 1789 à 1793 pouvait s’appuyer sur vos recherches. Très peu de personnes ont pris la peine d’étudier les documens authentiques et manuscrits. Vous êtes un des rares explorateurs.

Agréez, etc.


À Monsieur Gaston Paris.


Menthon-Saint-Bernard, 17 mai 1881.
Mon cher Paris,

En partant avec la publication de mon volume[1], j’ai évité beaucoup de paroles vaines et de politesses officielles ; mais je me suis privé de beaucoup d’impressions vraies et de critiques sincères que j’aurais pu provoquer ou surprendre. Vous qui êtes franc et qui épargnez à vos amis les louanges convenues, voulez-vous me dire en toute liberté ce que vous pensez du livre, et ce qu’on en dit autour de vous ? Soyez aussi discret qu’il vous plaira sur les noms ; vous savez pourtant que la contradiction à bout portant m’est agréable, et que l’opinion de Monod, de Sorel, de Fustel de Coulanges, de Lavisse et autres hommes

  1. La Révolution, tome II, la Conquête Jacobine.