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Fouché dans la Nièvre. Il y a deux ans, j’avais entre les mains les procès-verbaux des sections de Paris, le 9 thermidor. Vous voyez que nous avons travaillé tous deux sur les mêmes pièces, et je serai très heureux, notamment pour le 9 thermidor, de m’en référera vos textes si probans et à votre discussion si concluante ; je crois avec vous que Robespierre n’était qu’un sot, timide, effaré, haineux, à peine digne d’être un avocat de troisième ordre en province. C’est le caractère général des Terroristes, l’incapacité… Quant à la probité, j’ignorais le fait que vous citez de Panis[1] (p. 16). J’ai lu quelque part que Saint-Just avait volé des pièces d’argenterie ; je vous serais fort obligé si vous vouliez bien m’apprendre où je pourrai trouver la preuve de cette allégation (p. 360). Carra a eu deux ans de prison pour vol. C’est dommage que vous n’ayez pu reconstituer la jeunesse de Fouché ; je vous signale aussi celle de Danton, si peu connue, et toute sa vie privée et politique jusqu’au 10 août. En somme, ils sont presque tous du même acabit que les chefs de la Commune de 1871.

Une seule objection : était-il nécessaire d’introduire ici M. Thiers et le 18 mars ? C’est-à-dire un moment et un homme sur lesquels l’histoire ne peut encore prononcer, puisque l’enquête sérieuse n’est pas finie ? Nous autres amateurs de l’histoire documentée, prouvée, ne devons-nous point éviter avec un soin extrême l’accusation que les journaux nous jettent aux jambes, celle d’étudier le passé d’après un parti pris sur le présent ? Je vous soumets cette critique parce qu’on l’a dirigée contre mon propre livre.

Agréez, Monsieur, avec mes vifs remerciemens, les assurances de toute ma considération et de toutes mes sympathies.


À Monsieur Ernest Daudet.


Boringe, Menthon-Saint-Bernard, 9 mai 1881.
Monsieur et cher collègue,

Je vous suis très reconnaissant du cadeau que vous voulez bien me faire[2], et j’ai lu tout de suite votre livre que je connaissais

  1. « … Panis avait de tristes antécédens : en 1774, il avait été chassé, pour vol, du Trésor, dont son oncle était sous-caissier, F. 7, 4434. »
  2. Envoi de l’Histoire des Conspirations royalistes du Midi sous la Révolution. Paris, 1881.