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À Monsieur Francis Charmes.


Paris, 27 avril 1878.
Mon cher Monsieur Charmes,

Vous êtes bien aimable et bien obligeant[1], et personne, depuis vingt-cinq ans que je suis au journal, n’a mieux pris le ton et l’esprit des Débats. De plus, personne n’a si bien pris la position moyenne, libérale et conservatrice. Vous êtes vraiment en ce moment-ci les vrais Débats, au point de vue littéraire. Avec une si parfaite tenue, vous ne pouvez manquer d’atteindre prochainement le but mérité de votre ambition très légitime, et je souhaite pour nous tous que vous deveniez un de nos députés.

Le justiciable fait toujours des chicanes au juge ; me permettez-vous celle-ci ? Jusqu’au milieu de juillet de 1789, mes sources sont les intendans et subdélégués, vu qu’ils ont presque seuls la correspondance. Mais à partir de là, mes sources sont surtout les comités élus, puis, à partir de décembre 1789, les autorités locales élues et de plus en plus démocratiques. Mes sources sont donc plus impartiales que vous ne le supposez.

Encore merci et tout à vous bien affectueusement.


À Monsieur Alexandre Dumas.


Menthon-Saint-Bernard, 21 mai 1878.
Mon cher ami,

Je suis dans les misères de la mise en train. Il s’agit de faire la psychologie du Jacobin : par quel mécanisme d’idées et de sentimens des gens qui étaient faits pour être des avocats de province, des employés à 3 000 francs, bref, des bourgeois paisibles et des fonctionnaires dociles, sont-ils devenus des terroristes convaincus ? J’ai un précieux Dictionnaire composé en 1805 ; on y trouve la condition actuelle de tous les conventionnels survivans ; ils sont employés aux vivres, juges civils ou criminels, inspecteurs des douanes, sans profits, etc.

J’ai pu voir, en étudiant les Puritains de 1649, l’aliénation mentale, mais accompagnée d’images et avec troubles de conscience.

  1. Débats du 27 avril 1878, article de M. Francis Charmes sur la Révolution (recueilli dans Études historiques et diplomatiques, Paris, 1893).