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LETTRES DE H. TAINE
SUR
LA RÉVOLUTION


À Monsieur Francisque Sarcey.


Paris, 3 janvier 1876.
Mon cher Sarcey,

Je viens de voir un auditeur de tes conférences sur l’Ancien Régime[1]. Grand merci, quoique ce soit bien tard. Mais je n’étais pas sûr de pouvoir te dire merci. En 1855 ou 1856, quand j’eus publié mon livre sur les philosophes classiques et M. Cousin, notre pauvre Paradol me fit froide mine : il ne fallait pas dire du mal de gens qui étaient contre l’Empire et pour la liberté. J’appris ce jour-là que la politique ne tolère pas l’histoire indifférente et la critique libre. Je suis bien content que ce ne soit pas le cas aujourd’hui. Dis à About que je vais écrire la Révolution comme j’ai écrit l’Ancien Régime, en pur naturaliste, en dehors de toute intention ou arrière-pensée polémique. Au reste, tout le second volume est déjà contenu dans le premier et, quant au troisième, je me sens aussi dégagé que pour les autres…


À sa mère.


Menthon-Saint-Bernard, 14 mai 1876.

… Je suis heureux d’être à la campagne ; quand je ne trouve

  1. Il s’agit probablement de conférences faites à la salle des Capucines où à cette époque, chaque jeudi, Sarcey parlait des livres nouvellement parus.