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MADAGASCAR

III[1]
LES ARTS DE LA VIE ET DE LA MORT

Les administrateurs et les colons, les hommes actifs qui se trouvent en rapport d’affaires et de travaux publics avec les Malgaches, les jugent irrémédiablement inférieurs, non sans en donner de valables raisons. Les lettrés, qui étudient les mélodies indigènes et observent le goût inné et subtil jusque dans la populace pour la musique, tiennent pour supérieure la même race. Ce désaccord vient de ce qu’on ne l’a point considérée dans son évolution : sa supériorité est réelle, mais elle est toute dans le passé ; la race merina ou hova, envisagée dans son unité politique, est en dégénérescence ; mais la civilisation merina, — qui s’est propagée parmi les autres peuplades, — a ou son heure de puissance et reste extrêmement intéressante dans ce qui s’en perpétue. On ne le constate point seulement en écoutant sa musique, comme on l’a fait, mais en découvrant les autres arts de la Grande Ile.

Ceux mêmes qui à Madagascar se sont spécialisés dans la recherche des documens artistiques, ayant une éducation européenne plus scolaire de la peinture et de la sculpture, ont jugé insignifians les échantillons de ces arts qu’ils ont rencontrés dans leurs excursions ; et, pressés de leur assigner une valeur ethnographique en en faisant l’objet essentiel de discussions

  1. Voyez la Revue du 1er janvier et du 15 mars.