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Ce premier engagement n’eut d’ailleurs aucun résultat pratique, si ce n’est qu’il contribua, sans doute, à rendre plus rapide et plus âpre la revanche de l’Autriche. À Olmütz, la Prusse dut s’humilier. Un de ses diplomates, Pourtalès, s’indignait en termes pittoresques qu’elle fût ainsi contrainte de « réunir les Chambres et l’armée, au roulement du tambour, pour recevoir un soufflet en cérémonie de gala. » Du coup, les partisans de la Grande Allemagne voyaient s’éclaircir leur horizon : par une résipiscence provisoire qui n’était qu’à demi spontanée, la Prusse en écartait tout nuage. Il ne fallait rien de moins que cette défaite du gouvernement de Berlin pour leur rendre quelque sécurité.

Mais ils se faisaient peu d’illusion sur la durée de la résignation berlinoise. Bœhmer continuait de dire : « La Prusse est proprement un pieu dans notre chair, » et les Feuilles historico-politiques de Munich, le grand organe catholique jadis fondé par Goerres, commençaient dès cette époque une longue série d’articles contre les ambitions prussiennes.


On trouverait difficilement, déclaraient-elles au début de 1852, une idée aussi peu allemande, aussi peu historique, que cette « unité allemande, » qui devait être mise au jour par la révolution de 1848. La simple pensée de cette centralisation uniforme est si antipathique à l’esprit allemand, que cela seul suffirait à prouver que les deux écuyers de la philosophie de Fichte, Jahn et Arndt, à moitié Slaves l’un et l’autre, n’étaient pas de purs Allemands (Keine Kerndeiitschen). Tout au contraire, c’est un trait spécifique du caractère allemand, que chaque tige, chaque rameau du grand arbre, aspire le plus tôt possible à s’enraciner à part, à se distinguer, à revendiquer son terrain propre… L’unité allemande a son point central, non pas dans un chef suprême national, mais dans l’Empereur, dont la dignité était une dignité ecclésiastique (dessen Wärde eine Kirchliche war). Ce n’est pas le sang, ce n’est pas la langue, c’est la foi, qui tenait rassemblées les tribus germaniques.


Au lendemain d’Erfurt et d’Olmütz, les Feuilles de Munich répondaient à l’idée d’un Empire national par l’évocation fidèle, inlassable du vieux Saint-Empire international, et elles indiquaient aux Allemands épris d’unité un moyen primordial de réaliser leur rêve : ce moyen, c’était le retour à l’Église une. Pas de sociétés de gymnastique ou de tir ; pas d’exhibitions patriotiques ! dira plus tard, dans un de ses mandemens, Rudigier, évêque de Linz. Ce qu’il faut pour unifier l’Allemagne, c’est le rétablissement de l’unité confessionnelle. Mélancoliquement,