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Il y a peu de chose à dire du discours prononcé par le nouveau président en prenant possession du fauteuil, sinon que M. Golovine a tenu à rattacher la seconde Douma à la première : il y a même mis une insistance un peu affectée. « Nous savons tous, a-t-il dit, avec quelle impatience notre pays attend de la Douma l’allégement de ses maux. Or, le chemin droit qui conduit au but visé a été marqué par la première Douma, et ce chemin demeure le même à l’heure présente. Donner vie aux principes constitutionnels proclamés par le manifeste du 30 octobre et élaborer une législation sociale, telles sont les deux grandes tâches que s’étaient proposées la première Douma. Nous ferons tout pour qu’elles soient accomplies par la seconde. » Nous ne sommes pas bien sûr que l’ancienne Douma ait entendu borner sa tâche à donner vie aux principes constitutionnels posés par le souverain dans le manifeste du 30 octobre : quoi qu’il en soit, la nouvelle fera bien d’y borner la sienne, et de laisser au temps, aux circonstances, à l’évolution naturelle des choses et des hommes, le soin de compléter l’œuvre commencée. Une phrase du discours a particulièrement attiré l’attention : c’est celle où M. Golovine, parlant toujours de la Douma, dit qu’ « en union avec le monarque, » elle réalisera sans faiblir la volonté et la pensée du peuple. Si ces mots : « en union avec le monarque, » ne sont pas un programme, ils sont une méthode, et, dans la bouche de M. Golovine, ils étaient sans doute aussi une invite adressée au gouvernement. Ils signifient que la Douma désire collaborer avec lui. « En dépit des divergences d’opinion qui nous divisent, a dit encore M. Golovine, un but commun nous unit, et ce but unique, c’est le bien du pays réalisé par le moyen du travail constitutionnel. » Nous n’ignorons pas que ces discours d’ouverture et d’apparat n’ont pas une grande influence ultérieure ; ce n’est pas aux paroles, mais aux actes, qu’on juge un gouvernement et une assemblée. Les paroles ont cependant le mérite des intentions qu’elles expriment. Si elles ne font pas grand bien, elles pourraient faire grand mal. Celles de M. Golovine indiquent des intentions droites ; elles éclairent le présent ; elles ne compromettent pas l’avenir.

Reste à savoir quel sera le programme du gouvernement, puisqu’il est certain que M. Stolypine en a un et que, dès l’ouverture de ses travaux, il le fera connaître à l’assemblée. S’il ne l’a pas fait déjà, c’est que le président a émis l’avis que la Douma ne serait constituée qu’après avoir validé les pouvoirs de la majorité de ses membres, ce qui ne demandera d’ailleurs que peu de jours. Cette réserve est