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de constance de M. Quinton, j’ai donné[1] et je continue de donner cette notion comme entièrement nouvelle. Les deux articles de M. Dastre tendent à identifier, sous le couvert d’une même dénomination, ces deux notions, celle de Claude Bernard, celle de M. Quinton ; ceci me force à affirmer de nouveau qu’elles sont entièrement différentes. Le fixisme physiologique désigne l’identité de composition présentée par la cellule, en quelques formes vivantes, d’ordre animal ou végétal, qu’on la considère. Il désigne encore l’identité des actes réalisés par la cellule, — chez les plantes et chez les animaux, — dans l’ordre de la digestion, de la respiration, de la sensibilité, de la nutrition. Voici le fonds vital identique, reconnu par Claude Bernard parmi la diversité considérable des manifestations biologiques. Tout autre, et sans aucune analogie, est la conception de la vie comme phénomène fixe apportée par M. Quinton avec ses lois de constance.

La nouveauté de ce point de vue réside en ceci : M. Quinton suppose que la vie (lisez la cellule vivante) est apparue sur le globe sous l’empire de conditions définies notamment, de température, de milieu chimique, de degré de concentration moléculaire des élémens composant ce milieu chimique. Ces conditions définies qui ont accompagné la genèse de la cellule sont aussi, — selon la théorie, — les conditions plus favorables au haut fonctionnement de cette cellule. Or M. Quinton remarque que ces conditions du milieu extérieur se modifient au cours des âges, la température s’abaissant, les mers primitives où la cellule est apparue voyant diminuer leur degré de concentration, le milieu aérien, rencontré sur les continens émergés, n’offrant plus au contact immédiat de la cellule les élémens chimiques renfermés et dosés dans le milieu marin. Si la cellule accepte ces changemens du milieu extérieur, elle va pâtir et son activité va diminuer. Mais, en fait, il arrive précisément que la cellule n’accepte pas dans tous les cas ces changemens. Il arrive qu’on la voit prendre des mesures de préservation. Cette réaction de la cellule contre le changement du milieu extérieur s’exprime en l’invention d’un organisme où des cellules associées se réfugient et reconstituent, en vase clos, un milieu intérieur pareil au milieu originel, où elles retrouvent les mêmes conditions thermiques, chimiques, osmotiques qu’elles avaient rencontrées dans ce milieu extérieur originel. A chaque modification du milieu extérieur (abaissement graduel de la température par exemple), la cellule vivante répond par un remaniement du plan

  1. Une signification nouvelle de l’idée d’évolution. Mercure de France des 1er et 15 juin 1905.