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de gouttes de lait, de patronages scolaires, de dispensaires, d’ouvroirs, de vestiaires, de bibliothèques : la Ligue ne rejette aucune tentative, aucune initiative, et les comités de province imitent et propagent l’exemple des comités de Paris. Un de ses membres propose une idée, on la discute, et, si elle est acceptée, on la réalise. C’est comme un grand arbre sur lequel poussent toujours de nouvelles branches. L’enthousiasme, le dévouement, et l’imagination des membres de la Ligue étaient tels qu’il fallut les modérer, les combattre même, car malheureusement l’argent dont ils disposaient était trop inférieur à leurs désirs et à leurs projets. La première année, le comité de Paris avait aidé près de cent familles, placé 33 fillettes, 56 garçons ; la seconde année, il aidait 296 familles, soit par des dons en nature ou en espèces, soit par des pensions mensuelles, trimestrielles ou annuelles ; en 1905, il distribuait près de 3 000 francs répartis en 254 secours, plaçait 34 fillettes, et le dispensaire donnait 4 703 consultations. Le chiffre des familles secourues tant à Paris qu’en province monte à 600 annuellement. Enfin en 1902, pour la première fois, la Ligue envoyait une centaine d’enfans dans les colonies de vacances.

Cette création des colonies de vacances est assez récente. Les grandes villes, énormes agglomérations d’habitans, ne sont pas saines, et si les quartiers riches jouissent d’air, de lumière et d’espace, les quartiers pauvres ou simplement ouvriers en sont privés. Cependant, dès qu’arrivent les chaleurs, les enfans des classes riches ou aisées sont envoyés à la mer ou à la montagne, mais les enfans des classes pauvres ou travailleuses demeurent dans l’atmosphère étouffante de la ville. Il suffit d’assister dans un faubourg à la sortie de l’école, ou même de traverser une rue populeuse, pour rencontrer maints petits garçons et maintes petites filles, dont les joues pâles, le visage anémié impressionnent cruellement. Une enquête menée par M. le professeur Grancher dans deux écoles communales de Paris a montré, que sur 438 enfans soigneusement examinés, 62 étaient atteints, à des degrés divers, de lésions tuberculeuses ou fortement suspectes. C’est la Suisse qui la première créa des colonies de vacances pour les enfans pauvres. De la Suisse l’idée passa en Allemagne et trouva une bienfaitrice dans l’impératrice Frédéric, alors princesse impériale. En France, ce furent M. et Mme Lorriaux qui, en 1881, donnèrent l’exemple. Nous avons vu Mlle Gahéry ajouter à son