Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/434

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sociales, à l’époque de leur pleine activité, non en juillet et août, où elles sont presque fermées. Si jamais le hasard vous entraîne tout au fond de Montmartre, de l’autre côté de la butte, non loin de la mairie du XVIIIe arrondissement, et assez près de l’école où Mlle Bonnefois apprend à lire et à écrire aux petits forains, entrez rue des Cloys, à la maison sociale. Rien ne la révèle en passant. Il faut traverser une étroite et longue allée avant d’arriver à une petite cour que sépare de l’allée une barrière de bois et où se dresse un arbre, un seul. Une petite plaque indique où l’on est : c’est la maison sociale, un ancien atelier divisé en deux salles, une ancienne remise transformée en bureau, de petites chambres d’ouvriers où les résidentes habitent, reçoivent et font des cours. Elle est ouverte tous les jours scolaires, de quatre à six heures du soir, aux enfans que les parens ne peuvent reprendre chez eux à la sortie de l’école. Il s’est présenté d’abord deux ou trois enfans, d’autres le lendemain, d’autres encore tes jours suivans. L’enfant, rentré chez ses parens, a parlé à son père et à sa mère de celles qui l’ont aidé à rédiger ses devoirs. La mère, une après-midi, est allée voir ces dames. Maintenant trois ou cinq cents enfans par semaine viennent à la garderie et l’œuvre exerce son action sur 696 familles. Auxiliaires et résidentes font aux garçons des cours de musique, de dessin, de langues vivantes, enseignent aux filles la couture et la tenue d’un ménage. Le dimanche, la maison sociale est vide ; elle rend les enfans à leurs parens.

Des relations fréquentes se sont vite établies entre tes résidentes et les familles. Les femmes du peuple ont eu rapidement confiance dans ces jeunes filles et ces jeunes femmes qui vivent de leur humble vie. Elles ont commencé par leur demander des conseils, et encore à certains jours de réception, elles sont si nombreuses qu’elles font queue dans la cour. On a dû une fois par semaine organiser des réunions. On travaille en commun, on cause, il y a un cours de coupe, un cours de cuisine.

Les tuberculeux abondent dans ce quartier. Un jour, une auxiliaire amena un ami qui était médecin. Ce médecin a visité quelques malades, il est revenu, il a ouvert tout près de la maison sociale une clinique. Les consultations ont lieu trois fois par semaine, et pour les ouvriers le dimanche matin et le mercredi soir. La résidente est infirmière et visite les malades à leur domicile, avec le médecin.