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intéresser dès le premier article[1], on voit quelle place lui donne dans son œuvre Mlle Gahéry. Toutes les femmes qui s’efforcent comme elle de reconstituer la famille pensent également qu’on ne pourra pas y réussir, si l’on ne fait avant tout des petites filles de bonnes ménagères. Et l’on sait maintenant dans quel sens large il faut entendre ce mot de ménagère. Ce n’est pas, si l’on veut, une idée toute nouvelle. « Les occupations des femmes, dit Fénelon dans son Traité de l’éducation des filles, ne sont guère moins importantes que celles des hommes, puisqu’elles ont une maison à régler, un mari à rendre heureux, des enfans à bien élever. » Et plus loin il ajoute : « Venons maintenant au détail de choses dont une femme doit être instruite. Quels sont ses emplois ? Elle est chargée de l’éducation de ses enfans : des garçons jusqu’à un certain âge, des filles jusqu’à ce qu’elles se marient ou se fassent religieuses ; de la conduite des domestiques, de leurs mœurs, de leur service ; du détail de la dépense, des moyens de faire tout avec économie et honorablement. » Mme de Genlis voulait que l’on montrât aux jeunes filles à tenir une maison, à conduire une basse-cour, une laiterie, à prendre soin du fruitier, à diriger une cuisinière, à faire elles-mêmes leur cuisine, à connaître le prix des choses, leur dose et leurs qualités, un peu de botanique et les principales drogues de la médecine. Sans doute Fénelon et Mme de Genlis ne rédigeaient ces prescriptions que pour les jeunes filles des classes supérieures, mais, dans l’ensemble, elles conviennent aux jeunes filles de toutes les classes. On les avait un peu trop oubliées chez nous, alors qu’à nos portes mêmes, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, on y obéissait depuis longtemps. En Belgique, en effet, l’enseignement ménager est très répandu. Le gouvernement a créé des écoles ménagères pour les jeunes filles âgées de quatorze ans au moins, et a annexé aux classes supérieures des écoles primaires, ou aux cours d’adultes des classes ménagères. Il permet d’organiser des classes ménagères centrales où se réunissent, au moins deux fois par semaine, les élèves de différens quartiers de la ville, de différentes écoles ou de différens ateliers, et des écoles ménagères ambulantes qui se transportent dans le pays. La durée des cours est assez variable, suivant que les écoles se trouvent dans des villes ou des communes rurales,

  1. Voyez le Foyer, de Mme Thome.