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vaquaient au ménage, et nous vendions du thé, du café, du chocolat aux excursionnistes. La vente des consommations couvrit les plus gros frais de notre villégiature. Depuis, l’Œuvre du grand air a toujours procuré moyennant sept francs par semaine des séjours de vacances à la campagne aux enfans et aux jeunes filles de l’Union. Mon rêve serait de posséder aux environs de Paris une maison, avec une école ménagère rurale et un jardin ouvrier modèles : les jeunes filles de Paris viendraient s’y reposer, et les paysannes des environs s’y instruire.

— Mais, vos garçonnets, une fois qu’ils ont dix ans, demeurent-ils attachés à l’Union familiale ?

— Certainement. Ils se réunissent d’eux-mêmes, suivant leurs sympathies, leurs amitiés, en petits groupes. Chacun de ces groupes a sa caisse autonome, alimentée par des cotisations que perçoit un trésorier. Il y a un groupe sportif, un groupe de gymnastique, un groupe de promenades. D’autres ont constitué un musée de minéralogie, ou visitent les musées, les monumens, les églises. Quand nos aînés ont eu seize ans, nous avons fondé en 1901 un cercle d’études, le Semeur, qui est aussi un cercle de propagande. Le cercle a une bibliothèque, on y étudie des questions économiques, des questions religieuses, on y reçoit tous les contradicteurs. Bientôt le Semeur créera une coopérative de consommation et une mutualité féminine. Récemment la Société des jardins de Paris et de la banlieue a mis à notre disposition un terrain de 6 000 mètres situé dans notre quartier. Nos garçons aussitôt ont constitué une petite société pour distribuer ce terrain en jardins qu’ils cultivent. Ah ! dame ! ça n’a pas été tout seul. Les Apaches nous ont joué bien de vilains tours, dérobant les outils, saccageant les plants, détruisant les clôtures… lia fallu traiter avec eux… Et puis, très souvent, nos enfans, devenus plus âgés, restent auprès de nous comme collaborateurs.

— Sur combien d’enfans exercez-vous donc votre action ?

— En 1900, nous avons eu plus de 500 enfans ; en 1904 plus de 800. Et notre action s’exerce maintenant sur les parens aussi. En 1904 nous avons dû ajouter à l’Union familiale une institution nouvelle. Tous les mois, des pères et des mères de famille se réunissent ici pour s’entretenir avec nous et nos collaborateurs de leurs enfans et des questions d’éducation. Pour que notre action soit féconde, il faut qu’elle soit en accord