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chapeau, s’en tresse un avec sa toison touffue, y mettant l’industrie de ses corbeilles et de ses saisies de paille : c’est ainsi qu’il se compte autant de genres de coiffures raffinées dans la Grande Ile que de coiffes en pays bretons. Les races se distinguent excellemment par la coiffure des femmes, encore qu’il n’y en ait pas un seul mode pour celles d’une même peuplade. Ainsi les Sihanakas encadrent leurs visages mobiles et curieux de lémuriens dans des torsades, dans des mèches effilochées ou dans des boucles tombant aux épaules, au caprice de leurs goûts instinctifs. Rien n’était vraiment plus propre à relever d’un travail de finesse les formes lourdes et comme ébauchées du visage malgache que ces modelages, ces dentelleries et ces orfèvreries de la chevelure. Péniblement échafaudée, rarement défaite, la coiffure est l’œuvre d’art, la parure par excellence : preuve d’une industrie et d’une patience qui seront précieuses en ménage, elle est destinée si exactement à l’admiration de l’époux que, quand il meurt, la veuve se dépeigne et porte sa tignasse sauvagement ébouriffée à ses épaules.

Il n’y a guère de place pour les fiançailles dans les coutumes de l’Ile. C’est seulement chez les Tsimihetys, race presque blanche, qu’on trouve une sorte de rite de la pudeur féminine avant l’abandon à l’homme. Après avoir résisté aux tentatives de l’amant, la jeune Tsimihety, jolie fille éveillée aux attaches délicates, prend la fuite, laissant flotter des boucles abondantes et délicatement soignées. Il la poursuit avec un cœur de chasseur voluptueux pour qui la femme est tout le bonheur. Si elle se laisse atteindre, l’union est conclue, libre, sans témoins. Pour consacrer l’entrée en ménage, on ne fait guère de cérémonie : la plupart des Malgaches, tels les Betsileos, dans un tapage de chants et de bourdonnantes musiques, servent aux parens et aux amis des festins qui, parfois, durent jusqu’à huit jours. En général le mariage, pacte léger de formalité, est moins fêté que la naissance, avènement de la vie. Seuls les Hovas, toujours attentifs à décorer l’existence de cérémonies pompeuses où se déploieront étoffes, musiques, chansons et discours, ont tenté de l’illustrer d’un caractère de solennité sociale. Lorsque le jeune homme a résolu de prendre ramatoa, il en demande l’autorisation à ses parens qui, représentans des ancêtres, vont, au jour faste, s’entretenir avec ceux de la jeune fille dans un dîner où ils leur demandent pour leur fils « une femme capable