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infiniment plus de liberté. Les grandes Chambres de commerce, qui constituent des corps d’élite, ne jouent, pour ainsi dire, qu’un rôle consultatif. Etant mineures et placées sous la domination directe du ministère du Commerce, leur désir d’initiative se trouve à chaque instant paralysé par les formalités sans nombre accompagnant la réalisation des projets qu’elles proposent et dont elles sont cependant très aptes à apprécier l’utilité et l’urgence.

Leur bonne volonté, leur souci de suivre le progrès, de prévoir même l’avenir, rencontrent des ‘barrières presque infranchissables dans les lenteurs administratives, les exigences de la bureaucratie et de la procédure parlementaire.

Qu’on laisse Marseille, le Havre, Rouen, Dunkerque, Bordeaux voler de leurs propres ailes ; que l’État passe à leurs crédits le montant des droits de quai, des droits sanitaires, etc., qu’il y perçoit : ces ports n’auront plus besoin de personne ; ils disposeront de moyens permettant de gager les emprunts nécessaires pour les maintenir à la hauteur des progrès modernes, et, en outre, ils accompliront leurs travaux avec infiniment plus de rapidité que l’Etat ne le fait actuellement. Ce n’est, du reste, pas autrement qu’ont procédé et que procèdent les Allemands et les Anglais.

Qu’on aille à Brème, à Hambourg, à Liverpool ou à Southampton, on verra que les administrations locales pourvoient à l’intégralité des dépenses de construction, d’agrandissement et d’entretien de leurs ports, et que l’Etat allemand, comme l’Etat anglais, se Rome à intervenir pour de grands travaux publics, tels que le creusement du Weser et de l’Elbe, ou des travaux similaires. A notre humble avis, le difficile problème que nous étudions ne sera résolu qu’au moment où les pouvoirs publics s’achemineront vers l’autonomie de nos grands ports de commerce.

Reconnaissons-le donc, nous avons commis de lourdes fautes au point de vue de notre outillage national : la première, en ne discutant pas rapidement et, en temps opportun, devant les Chambres, les projets de loi importans ; la seconde, en exécutant avec beaucoup trop de lenteur ceux dont on avait eu la bonne et rare fortune d’obtenir le vote, de sorte que, une fois ces travaux accomplis, ils ont perdu une bonne partie de leur effet utile.

En ne sachant pas concentrer nos efforts sur un petit nombre