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n’ont point toujours respecté les droits, ni de la très illustre Faculté des Arts, ni de la très salubre Faculté de Médecine, saluberrima Facultas, ni de la très savante Faculté de Droit, consultissima Decretorum Facultas, ni même de la très sacrée Faculté de Théologie. L’Université de Paris déçue — en qui désormais se confier ? — a député à Rome. Tous ces gens nous étonnent et nous amusent. Les voilà qui, ayant banni le Pape de France et continuant d’ailleurs, observons-le, à l’en tenir opiniâtrement éloigné dans la plupart des cas et en principe, l’y rappellent sans cesse quand leurs intérêts privés semblent lésés. Il n’est pas étonnant que le Pape s’y soit laissé prendre, ait tenu ces démarches pour autant d’indices d’une anarchie faite de faiblesse, ait cru que roi et nation, parlemens et universités, haut et bas clergé, reviendraient en masse à résipiscence et que la Pragmatique à peine née allait succomber à ses propres vices. Eugène IV attendait l’heure de la capitulation.

Il se méprenait. Tous ces quémandeurs, — outre que, malgré tout, ils constituaient des exceptions, — ne sacrifiaient qu’un instant leurs principes à leur intérêt. Beaucoup d’entre eux auraient les premiers protesté, si l’on avait derechef érigé en règle ce qu’ils avaient admis comme un privilège en leur faveur. Dès lors il s’établissait entre Rome et la France un malentendu qui ajournait singulièrement la solution rêvée par le Roi.

Le désir d’entente était visible chez celui-ci : le maintien d’un agent à Rome, au lendemain de la Pragmatique, est un indice de ses sentimens, le témoignage d’un incontestable esprit politique. Le frère d’un de ses plus illustres ministres, Nicolas Cœur, resta à Rome jusqu’en 1442 et eut toujours depuis des successeurs. Jamais les négociations ne furent plus actives avec Rome, — sans que Charles VII s’en vantât toujours devant les membres de son Parlement et même de son Conseil, — que dans les années qui suivirent l’assemblée de Bourges.

Eugène IV, de son côté, ne demandait qu’à causer ; mais il se croyait autorisé, nous le savons, à parler haut. Dès 1441, il pria le Roi d’abroger « certaine sanction jadis édictée à Bourges, » comme il eût parlé d’une pièce méprisable et sans portée : on lui avait assuré d’ailleurs qu’elle avait été édictée, « non par le Roi, mais par des gens intéressés. » Il donna du