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qui, à l’heure présente, nous intéresse le plus ; celle aussi qui devait, soixante-dix-huit ans durant, scandaliser, au dernier degré, terrifier ou exaspérer Rome. On décida que, quels que fussent d’ailleurs les sentimens de respect que l’assemblée éprouvait pour la personne du Pape, l’œuvre de Bourges ne serait à aucun degré et sous aucun prétexte soumise à son assentiment. « L’Eglise avait parlé par l’organe des gens de Bâle ; le Pape n’avait qu’à s’incliner. » La constitution de Bourges ne devait recevoir qu’une signature, celle du Roi. C’était, par là, bel et bien, une constitution civile du clergé.

Cette fameuse signature, destinée à peser d’un si grand poids dans l’histoire des relations de Rome avec la France, fut accordée par le Roi le 7 juillet 1438. Ce fut l’ordonnance de Bourges qui eut dans la Chrétienté un retentissement considérable. Bâle, quoiqu’il n’eût pas eu gain de cause sur les points auxquels le concile tenait le plus, affecta cependant un air de triomphe, ce qui acheva d’irriter Rome.

Alors commence la grande manœuvre qui n’aboutira qu’à Bologne en 1515. Le Roi feint de vouloir à Rome, — en dépit de la décision finale de l’assemblée de Bourges, — faire approuver par le Pape la Pragmatique Sanction. On n’écrit point encore comme on le fera en 1515 : ou bien un Concordat qui soit semblable. Mais on le pense.

Quelle prétention ! s’écrie Rome. Rien n’y est prêt pour un accord. On vitupère, on s’indigne, on déclare les lettres du Roi « insolentes et folles. » La Pragmatique est « un acte inique, impie, propre à compromettre le salut du Roi. » Le ciel et l’enfer sont invoqués contre cette abomination, bête de l’Apocalypse, bête infâme et monstrueuse. On ne veut point reconnaître les élections, encore que dans maintes circonstances les papes s’y fussent depuis 1419 résignés. Les élus sont rejetés, jugés détestables en termes vifs. L’un a des bâtards, l’autre est sans naissance et sans intelligence, ignobilis et idiota ! A la place de ces élus, — fruits pourris d’un mauvais arbre, — le Pape continue à nommer les siens.

A vrai dire, il y est fort encouragé, et la manœuvre tentée à Bourges faillit échouer dès le principe par le manque d’entente des artisans de l’œuvre « libératrice. » Si la Curie résista