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Le gouvernement de Charles VII se montrait plus intransigeant encore. Le Roi ayant, en 1426, tenté de conclure un Concordat avec Martini V à Genazzano, le Conseille fit rejeter en 1428 comme insuffisant et vain.

À cette heure, Jeanne d’Arc a fait sacrer le Roi à Reims et la fortune a tourné. Ce n’est plus d’ailleurs vers Rome que la Chrétienté tient les yeux fixés, mais vers Bâle où le Concile réformateur donne raison aux revendications du gallicanisme au-delà de tout espoir, au-delà de toute mesure. L’historien de la Pragmatique juge fort bien l’œuvre de la célèbre réunion. « Excellente par certains côtés, écrit-il, — car elle procédait de beaucoup de bonnes intentions et s’inspirait largement des essais de réforme antérieurs, — elle avait le grave inconvénient à être faite sans le Pape et contre lui, par suite de ne tenir pas suffisamment compte des traditions, des préférences, des besoins du Saint-Siège. » Quoi qu’il en soit, le Concile ayant, entre autres choses, rétabli de la plus rigoureuse façon les élections canoniques, il était logique que la France suivit. Nul n’avait attaqué à Bâle la Cour de Rome avec plus de violence que la « nation française ; » et l’Université de Paris s’était empressée de dénoncer les quelques prélats dont la tiédeur à l’égard des décrets du Concile lui paraissait crime de lèse-gallicanisme. Mais c’est vers le Roi surtout que se tournaient finalement les regards.

Charles VII était embarrassé. Le Concile, jugeant Eugène IV indocile, avait violemment rompu avec lui et allait élire un antipape : le roi de France allait-il suivre l’assemblée de Bâle dans le schisme ? Il avait ses raisons pour hésiter, que peut-être l’historien eût pu indiquer plus nettement ici. Les Valois, suivant les principes que j’ai cru discerner à travers leur politique, entendaient ne se laisser jamais forcer la main même par leurs amis : nul plus qu’eux ne se gara des plus royalistes que le Roi. Si les prélats de France y rétablissaient les élections, il fallait que ce fût sous la contresignature du Roi, et cette contresignature, il fallait que le Roi pût toujours la retirer, dès que Rome en viendrait aux concessions attendues, au Concordat rêvé. Le résultat ne serait pas obtenu si le Concile de Bâle, déclarant seul légal dans l’Eglise universelle ce mode de recrutement, le Roi laissait purement et simplement enregistrer par ses prélats les décrets restaurateurs des libertés de l’Eglise. Les libertés de l’Église, il les vénérait, certes ! mais à condition que l’Eglise