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responsabilité du bénéficiaire lui-même. Le contrat de jouissance qu’il s’agit de faire est chose nouvelle : il peut cependant, d’une manière générale, être assimilé à l’usufruit. L’usufruitier est tenu aux dépenses d’entretien, et aussi aux dépenses plus importantes qu’un défaut d’entretien venant de sa faute aurait rendues nécessaires ; mais non pas à celles qui étaient déjà nécessaires à la veille de sa prise de possession. Les lieux doivent lui être livrés en bon état : c’est pourquoi l’archevêché demandait qu’il fût fait un état des lieux. Au surplus, cet état existe ; on sait fort bien à la préfecture de la Seine le chiffre de millions qui serait indispensable pour faire aux églises de Paris des réparations urgentes. Si on ne les fait pas, il y a des églises qui menacent ruine. Que la préfecture essaie de mettre ces réparations à la charge des curés, c’est peut-être naturel ; mais il ne l’est pas moins que l’archevêché soutienne un autre principe et ne reconnaisse la responsabilité des curés qu’à partir du moment où ils signeront le contrat de jouissance. Et enfin, quelles seront les conséquences de cette responsabilité ? La responsabilité, d’après la préfecture, sera personnelle ; les conséquences mettront en cause la fortune privée du curé. Il est à craindre qu’on ne trouve que des curés absolument dénués de toute fortune pour accepter un pareil lot ; et il y en a d’ailleurs fort peu dont la fortune suffirait aux charges énormes qui leur incomberaient dans certains cas. M. Briand le sait bien ; mais, a-t-il dit, si le curé manque de ressources, il n’aura qu’à se retourner du côté de la collectivité catholique ou de la hiérarchie ecclésiastique qu’il connaît, puisqu’il en relève, tandis que l’État ne les connaît plus sous le régime de la séparation. Quelque absolue qu’elle soit, cette thèse pourrait se défendre si la jouissance des églises était accordée à titre perpétuel. Mais elle ne l’est que pour dix-huit ans !

M. Briand a expliqué que rien de tout cela, et rien non plus de beaucoup d’autres choses ne serait arrivé, si l’Église avait consenti à faire des associations. C’est bien notre avis. Les associations sont nécessaires dans un régime de séparation, et on y viendra : le malheur est qu’on ne le fera que pour sauver les dernières épaves d’un grand naufrage, alors qu’en y recourant plus tôt, on aurait sauvé le navire tout entier, équipage et cargaison. Avec des associations qui auraient eu le droit de former des unions, qui auraient pris un caractère diocésain, qui auraient eu l’évêque à leur tête, qui auraient même pu, — comme M. Briand l’a dit un jour, — n’être composées que d’ecclésiastiques, toutes les questions aujourd’hui pendantes auraient été facilement résolues à l’avantage de l’Église. Tout d’abord,