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par exemple, peut être établie, à fil nu, sur les glaciers, et fournir un bon service. Ce résultat est fort intéressant pour la télégraphie en haute montagne. On avait déjà fait, il est vrai, des essais de communication par fils nus posés sur la neige, mais il s’agissait toujours de faibles distances.

M. Maurice de Thierry a poursuivi, de 1894 à 1899, des expériences de dosage de l’ozone atmosphérique, de l’ammoniac, du gaz carbonique, à diverses altitudes. M. Le Cadet, en 1902, a étudié l’électricité atmosphérique au sommet du Mont-Blanc. De son côté, M. Nordmann avait entrepris la recherche d’ondes électro-magnétiques, émanées du soleil ; le résultat a été négatif.

Contentons-nous de mentionner encore les études spectroscopiques du sang, commencées par le docteur Hénocque en 1902, et continuées, après sa mort, par M. Raoul Bayeux ; les observations de MM. Guillemard et Moog sur l’hyperglobulie des altitudes ; enfin, l’étude bactériologique des neiges du Mont-Blanc, inaugurée en 1900 par le docteur Binot, de l’Institut Pasteur. M. Binot a trouvé, dans les différentes parties du glacier, des flores microbiennes très variées dont on était loin de soupçonner l’existence, et dont l’étude ultérieure promet d’être féconde en résultats curieux. Il convient d’ajouter que des expériences actinométriques et des recherches physiologiques de diverse nature (notamment sur la respiration à ces hautes altitudes) ont été entreprises aussi par M. J. Vallot et par les nombreux savans, français ou étrangers, auxquels il a offert l’hospitalité de son observatoire des Bosses. MM. Joseph et Henri Vallot préparent maintenant la publication d’une carte du massif du Mont-Blanc.

J’ai dû me borner ici à considérer, pour ainsi dire, à vol d’oiseau les manifestations si diverses de l’activité intellectuelle, suscitées par la création d’un observatoire au sommet du Mont-Blanc. Il serait assurément à désirer qu’il fût complété, développé et mis à même de rendre tous les services que nous promet cette station unique. Serait-il donc impossible de frayer une route pour en faciliter l’accès, en attendant qu’une ligne de ballons dirigeables soit établie entre Chamonix et la cime du Mont-Blanc ?


R. RADAU.