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temps sec et dégagé de brumes, où l’intensité de la partie verte du spectre n’est pas affaiblie par l’absorption. La veille, M. Hansky avait pu observer l’occultation de Saturne par la lune et constater l’absence de tout ligament entre la planète et le disque lunaire, grâce à la parfaite netteté des images. Il faut mentionner aussi une intéressante observation de la lumière zodiacale que M. Hansky a faite en septembre 1904 au Mont-Blanc, où il a pu distinguer des détails difficilement visibles dans les conditions ordinaires. Il a aussi tenté de photographier la couronne solaire, mais le résultat n’a pas été satisfaisant ; c’est une expérience à recommencer.

Signalons enfin une étude, entreprise l’été dernier, par MM. Ch. Féry et G. Millochau, en vue de déterminer la valeur de l’émission calorifique de diverses régions du disque solaire. On a fait usage du télescope pyrométrique de M. Féry. C’est un tube dont on peut faire varier l’ouverture, et qui renferme un miroir en verre argenté, un couple thermo-électrique placé au foyer, et un prisme qui renvoie les rayons venus du miroir dans un oculaire ; la pile est reliée à un galvanomètre. Les observations ont été faites au Mont-Blanc, à Chamonix et à Meudon.

Ces exemples prouvent que l’observatoire perché au haut du Mont-Blanc offre aux astronomes toutes facilités pour des recherches très variées et, en même temps, très spéciales et très délicates. Mais le domaine des recherches s’est peu à peu étendu, de manière à comprendre aussi la météorologie et la physiologie. Seulement, ces recherches doivent être exécutées pendant les mois d’été, car les hivers sont généralement trop rigoureux. En 1901, M. Nordmann a relevé, sur un thermomètre Tonnelot à minima, 45° au-dessous de zéro.

Parmi les expériences de toute nature qui ont eu lieu, depuis quelques années, au Mont-Blanc, il convient de citer, comme particulièrement importantes, celles qui ont été poursuivies, en 1899 et 1900, avec l’appui de l’administration des télégraphes, sur le pouvoir isolant de la glace. Elles ont été faites avec des fils de fer galvanisé, posés à même sur le glacier, à quelques mètres l’un de l’autre. Commencées par MM. Cauro et Lespieau, elles furent continuées par M. Lespieau seul, après l’accident mortel arrivé à M. Cauro, qui fit une terrible chute dans un sentier de la montagne de la Côte. Ces expériences ont démontré qu’une ligne télégraphique d’une grande longueur, de 10 kilomètres