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sciences, en 1897, a tenu à reconnaître par le grand prix des Sciences physiques. Les résultats des travaux de M. Vallot et de ses collaborateurs ont été publiés par lui dans les Annales de l’Observatoire météorologique, physique et glaciaire du Mont-Blanc qui forment six volumes in-4o. Mais nous n’avons, pour le moment, à nous occuper que d’astronomie, et nous devons revenir à M. Janssen.

Sa première ascension au Mont-Blanc, qui eut lieu au mois d’octobre 1888, ne fut poussée que jusqu’à la cabane des Grands-Mulets, placée à une altitude d’environ 3 000 mètres sur des rochers qu’on rencontre au-dessus de la jonction de deux glaciers, celui des Bossons et celui de Tacconaz. À cette époque de l’année, le refuge était déjà abandonné, et il était tombé récemment une grande quantité de neige qui avait effacé les sentiers, masquait les crevasses, et rendait la marche extrêmement difficile. M. Janssen dut se faire précéder par une escouade de guides, chargés de reconnaître la route que l’on suivrait le lendemain, et se faire porter, une bonne partie du chemin, dans une sorte de chaise combinée à cet effet. C’est une échelle, longue de 4 mètres, dont les extrémités reposent sur les épaules de quatre ou six porteurs ; le voyageur est placé entre deux échelons, au centre, sur un siège de sangle, suspendu par des courroies de manière que les montans ne lui touchent pas les aisselles et que ses bras restent libres. Dans les endroits où il est nécessaire de marcher, il peut mettre pied à terre et s’appuyer sur les montans pendant la marche. Si l’on rencontre une crevasse, l’échelle peut être posée dessus pour en faciliter le passage. Au besoin même, cette échelle peut se transformer en brancard, porté à bout de bras.

Malgré tout, on mit treize heures pour parvenir au chalet des Grands-Mulets par une route qui, dans la belle saison, est parcourue en quatre heures, et on y arriva courbatu. Aussi, lorsque, deux ans plus tard, M. Janssen se décida à tenter l’ascension du sommet, dut-il écarter toute pensée d’ascension à pied, et se préoccuper de trouver un véhicule approprié. Ce véhicule fut un traîneau, confectionné à l’observatoire de Meudon et d’une forme semblable à celle des traîneaux lapons ; mais, pour plus de sécurité, on avait ajouté, dans les deux tiers de sa longueur et vers la tête, une main courante solidement fixée, qui devait servir à le redresser au besoin. Une longue échelle de