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est une intransigeance de doctrine. » Et un peu plus loin, après avoir parlé du conflit qui a été si long et si brutal en Allemagne entre l’Église et l’État, M. Combes écrit cette phrase sur laquelle nous n’avons pas besoin d’insister : « Le conflit ne s’est éteint qu’après des négociations répétées et un accord survenu entre les deux pouvoirs. » Rien de plus vrai, mais il est piquant de l’entendre dire par M. Combes, à quelque intention secrète qu’il ait obéi en le faisant. Espère-t-il revenir au pouvoir ? Essaie-t-il de se préparer les voies ? On peut le croire à la manière dont il attaque ses successeurs, et surtout M. Briand, qui a senti le coup et y a répondu dans plusieurs interviews. D’après M. Combes, M. Briand est un maladroit, un ignorant surtout, qui, ne sachantypas un mot de théologie, n’a pu faire et ne fera jamais que des fautes, tandis que lui… Et M. Briand réplique en rappelant que le projet de séparation de M. Combes était encore plus dur que le sien et plus inacceptable pour le Saint-Père. Ils ont raison l’un et l’autre, l’un contre l’autre. Comme l’a dit un jour M. Clemenceau, M. Briand avait tout prévu, excepté ce qui est arrivé ; et M. Combes portera justement la responsabilité devant l’histoire de tout ce qui est arrivé et de ce qui arrivera.


Si nous nous étendons sur ces démêlés de M. Briand et de M. Combes, c’est qu’il s’est passé peu de choses dans notre politique intérieure depuis quinze jours. Le Sénat a voté le budget ; il y a fait quelques changemens qui l’ont rendu moins mauvais ; il n’a pas pu le rendre bon. La Chambre avait voté un certain nombre d’impôts nouveaux que le Sénat a supprimés, et, pour combler la différence, il a demandé davantage à l’emprunt, sous la forme de bons à court terme. On disait hier encore : ni emprunt, ni impôts nouveaux ! On recourt aujourd’hui aux deux procédés à la fois pour mettre le budget en équihbre, et on n’y parvient pas. Il en est résulté dans le public un sentiment de malaise qui s’est encore aggravé lorsque M. le ministre des Finances, dans un discours qu’il a adressé à ses électeurs de la Sarthe, leur a donné un avant-goût de ce que serait le futur impôt sur le revenu, destiné à subvenir aux frais des réformes sociales. Ces réformes creuseront un gouffre dans le budget ; l’impôt sur le revenu le comblera au fur et à mesure. Nous ne connaissons pas encore bien le projet de M. le ministre des Finances, mais il lui a suffi d’en parler avec un commencement de précision pour faire baisser la rente. On est sans doute très habitué à entendre promettre des réformes et annoncer l’impôt sur le revenu : cela est même devenu