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titre juridique des curés d’un acte administratif qui devait être passé entre eux et l’administration communale. La question était de savoir ce que serait cet acte ; la loi n’en disait rien ; la Déclaration des évêques est, au contraire, à cet égard, d’une parfaite netteté. La préoccupation du Saint-Père au sujet de la situation légale des curés dans les églises n’était pas la seule qui assiégeât son esprit ; il en éprouvait une autre, non moins vive, qui se rapportait à la reconnaissance de la hiérarchie ecclésiastique. Il est difficile, impossible même sans doute d’obtenir du Parlement qu’il reconnaisse directement cette hiérarchie dans un article de loi ; mais la difficulté disparait, ou du moins elle est fort atténuée lorsqu’il s’agit d’un simple acte administratif où le curé n’agit qu’en vertu de ses fonctions. Les évêques ont donc rédigé un formulaire dont l’esprit est contenu tout entier dans ses premières lignes. Les voici : « Entre M. X, maire de…, et M. l’abbé Z, curé de P…, agissant en cette qualité en vertu de pouvoirs qui lui ont été conférés par Mgr… évéque de…, avec son autorisation expresse… » C’est là comme un rameau d’olivier que Mgr Touchet a rapporté de Rome. Le gouvernement racceptera-t-il ? S’il l’accepte, nous entrerons dans la voie de la conciliation, et il y a lieu de croire qu’après y avoir fait le premier pas, on en fera d’autres. S’il le repousse, la guerre continuera plus ardente que jamais, et la situation, qui était déjà si difficile, deviendra inextricable.

Nous aurons à revenir sur la Déclaration des évêques, car elle soulèvera de longues discussions : au moment tardif où elle nous arrive, nous nous contentons d’en indiquer le sens. Aussi bien devons-nous, dans une chronique, respecter l’ordre chronologique des faits, et il faut revenir pour cela un peu en arrière. Quelle que soit la gravité du document nouveau qui vient d’être publié, elle ne saurait nous faire oublier l’intérêt de l’adresse que nos évêques, après avoir terminé leurs travaux au château de la Muette, ont envoyée au Saint-Père pour lui faire part des sentimens immuables qui les unissent à lui. A l’exemple de l’encyclique, l’adresse est une réponse à certaines allégations de M. Briand dont le Pape et les évêques ont été également émus, « En même temps, dit-elle, que le Saint-Siège était représenté comme dominé ou influencé, dans le conflit actuel, par des préoccupations plus ou moins étrangères à son ministère sacré, n’a-t-on pas osé dire que l’épiscopat français marchait à la suite du Pape avec plus de discipline que de conviction, et que la beauté du spectacle de notre union s’amoindrissait de la passivité de notre obéissance ? À cette calomnie dont nous sommes blessés, nous répon-