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d’améliorer son sort, et si, commençant par le commencement, elles veulent rendre l’intérieur de famille plus agréable et y instaurer les principes d’économie, de salubrité, de bonne alimentation, comment le pourront-elles, puisqu’elles ignoreront tout ce qu’elles voudront apprendre aux autres ?

Une femme, Mme Thome, jugeait extrêmement souhaitable que les enfans du peuple apprissent la science ménagère et que cette science leur fût enseignée par les jeunes filles du monde. On obtenait ainsi deux heureux résultats : d’une part, on rapprochait des classes trop séparées, de l’autre on pouvait espérer consolider, dans le peuple, la famille ébranlée, si l’on rendait la femme de l’ouvrier une femme d’intérieur et une bonne mère. Mme Thome se heurta tout de suite à cette difficulté que les jeunes filles du monde ignoraient la science ménagère : il fallait donc, en premier lieu, la leur apprendre si on voulait qu’elles pussent ensuite l’enseigner. Elle créa, dans ce dessein, une œuvre qu’elle appela le Foyer et qui, après avoir occupé divers immeubles, est aujourd’hui installée rue Vaneau.

Rien ne désigne le Foyer à l’attention du passant ; la maison qui l’abrite est toute pareille aux autres maisons de la rue. Il me semble même qu’il y doit être un peu à l’étroit ; car il est tout entier renfermé dans un rez-de-chaussée de cinq ou six pièces, une cuisine, un ouvroir, une chambre de conférences, une salle à manger, un petit salon, une petite bibliothèque, un cabinet de toilette ; tout cela d’ailleurs, très clair, très blanc et très gai. Pour en faire partie, il faut être présenté par deux membres. Un jour par semaine, les membres se réunissent, et, afin qu’ils soient attirés au Foyer, ils peuvent tous les jours de quatre à six heures venir y goûter, en y invitant des amies : ainsi le Foyer devient un centre agréable. Un salon de lecture complète ce petit cercle féminin : on y donne les livres en lecture ou en location, et on les y vend aussi. La bibliothèque n’est pas encore très riche, mais elle s’augmente peu à peu.

Mme Thome, qui a raconté elle-même la fondation, l’organisation et le développement de son œuvre[1], débuta avec trois élèves. Les élèves maintenant sont nombreuses, et Mme Thome a dû publier, pour les tenir au courant, un bulletin qui rend compte de la vie du Foyer, en même temps qu’il

  1. Le Foyer, p. 237. Françaises, Lecoffre, éditeur.