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perpétuellement les occasions de se connaître mieux[1].

Le succès fut considérable. Des esprits chagrins ou railleurs ont pu insinuer que c’était là un snobisme nouveau, le snobisme social. Les snobismes ne durent pas : ils meurent vite et sont vite remplacés. Celui-ci a si fortement duré qu’il faut bien admettre qu’il n’en était pas un. D’autres groupes se formèrent : le groupe que patronnait Mme la comtesse de Brissac, sous la devise Tradition-Progrès, et qui se réunissait dans la salle de la Société d’Encouragement : là parlaient MM. de Lamarzelle, de Rosambo, Delaire, Mayol de Lupé. Et encore l’institut breton, Chateaubriand -Brizeux, ou la Ligue des Françaises. Mais ici la politique, très rapidement, eut plus d’importance que l’action sociale. Le mouvement s’étendit à la province. Il y eut dans le Centre l’Union des Femmes chrétiennes de la Loire, à Reims la Ligne des Femmes rémoises, à Nancy la Ligne des Femmes lorraines. Les mêmes questions étaient étudiées, le même but poursuivi.


Ce fut la première étape du mouvement féminin. Les femmes ne savaient rien de la vie sociale : on leur avait fait toucher leur ignorance et on leur avait montré ce qu’elles ne soupçonnaient pas. Tous ces dévouemens qu’avaient éveillés les paroles des conférenciers, comment allait-on les grouper et les orienter ? On ne pouvait pas uniquement s’en tenir à la théorie : il fallait passer à l’action. L’Action sociale de la Femme, fondée par Mme Chenu, fut cette seconde étape ; non pas que l’enseignement théorique en soit banni ; au contraire il y tient encore une grande place, mais il se complète d’une action efficace. Il y avait, comme on dit, quelque chose à faire. On voulut faire, ou du moins tenter de faire quelque chose.

L’Action sociale de la Femme est née directement des conférences de Mme Piérard : elle en est le fruit immédiat. Ce qui caractérise tout d’abord l’Action sociale de la Femme c’est qu’elle reste en dehors de toute politique : elle ne « fait pas de politique ; » voulant unir, elle s’éloigne de la politique qui divise. Elle est ensuite exclusivement laïque. Certes les femmes qui l’ont créée sont catholiques, et catholiques sincères et pratiquantes ; mais premièrement elles n’admettent parmi elles ni prêtre, ni évêque, ni religieux, et, deuxièmement, elles ne s’occupent

  1. Idées sociales et Faits sociaux, Introduction par G. Goyau, Fontemoing.