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des modifications pour quelques articles. La nation la plus favorisée étant l’Autriche-Hongrie, l’état de guerre économique, entre elle et la Serbie, nous mettait dans la nécessité urgente de négocier un nouveau traité, d’autant plus que nos relations commerciales tendaient à se développer. La première réunion dos délégués chargés des négociations eut lieu le 1er octobre, le lendemain même du jour où était parvenue à Belgrade la note du cabinet de Vienne. Les négociations viennent d’aboutir et le traité est signé ; le gouvernement serbe nous accorde de sérieux avantages, notamment pour nos vins, nos soieries, nos articles de Paris ; des concessions réciproques permettront le développement des échanges entre les deux pays. La Serbie a déjà, en 1905, traité avec l’Allemagne ; elle vient de conclure avec la Roumanie, la Turquie, le Monténégro ; avec l’Italie, elle est sur le point d’aboutir ; avec la Russie et l’Angleterre les pourparlers sont poursuivis dans de bonnes conditions. Bientôt la Serbie se trouvera armée d’une série de traités de commerce qui lui assureront des marchés pour ses produits d’exportation. Reste l’Autriche-Hongrie. Entre Vienne et Belgrade la conversation continue ; des notes sont échangées à de longs intervalles, témoignant d’un égal souci de ne pas laisser tomber le fil, tout en ne se hâtant pas d’aboutir à une conclusion. Du côté serbe, on a pris d’abord toutes les mesures nécessaires pour démontrer à l’Autriche et à la Hongrie que, si l’on souhaite d’aboutir à une entente, on est prêt, aussi, comme on l’a déjà fait cette année, à s’en passer. Au printemps de 1906, M. Pachitch offrait au cabinet de Vienne de réserver à l’industrie autrichienne des commandes diverses pour un total de vingt-six millions de francs, à condition que la douane austro-hongroise laisserait pénétrer, avant la fin de l’année, 80 000 porcs et 40 000 bœufs ; cette condition n’ayant pas été remplie, M. Pachitch refuse maintenant d’accorder un privilège quelconque à l’industrie autrichienne. À Vienne, aujourd’hui que l’épreuve a montré que la résistance de la Serbie ne serait pas réduite par la seule fermeture de la frontière, on se montre plus traitable vis-à-vis d’elle. La Serbie n’a pas été seule à souffrir des effets du conflit économique : en Hongrie, en Autriche, en Allemagne, le prix de la viande a haussé ; l’absence du bétail serbe n’est, sans doute, que l’une des causes de ce renchérissement si impopulaire ; mais comme c’est l’une des plus palpables, c’est à celle-là surtout que le mécontentement